A feast for crows est le tome 4 de la saga A song of ice and fire qui est plus connue des amateurs de séries TV comme Game of Thrones. La traduction littérale du titre donne « Un festin pour les corbeaux ». Et ce titre est parfaitement choisi car des morts il y en aura dans ce tome. C’est une habitude chez George R. R. Martin que de supprimer des personnages (souvenez-vous : Ned Stark ou Rob Stark pour citer les plus emblématiques). Mais quand on lui reproche, il réplique qu’il tue bien moins de personnages que ne peut l’avoir fait Shakespeare dans ses œuvres et que ses récits comptent bien moins de morts que la bible. On notera que le bonhomme ne se compare pas à n’importe qui : le dramaturge le plus connu et l’ouvrage le plus vendu au monde. Disons que ça pose l’auteur et ses ambitions littéraires… Toutefois, l’oeuvre de George R. R. Martin a ceci de commun avec la bible qu’elle compte un nombre incroyable de personnages. A chaque fin de tome, il compile plusieurs pages sur les différentes familles du roman. Un repère parfois bien utile quand resurgit un personnage plus que secondaire. Ayant créé de nombreux personnages, l’auteur a du faire un choix dans ce tome 4 et ne traiter du parcours que d’une partie de ses personnages. Ainsi point de Brandon Stark, de John Snow ou de Daenarys Targaryen dans A feast for crows. L’intrigue est plutôt centrée sur King’s Landing (Port-réal pour les lecteurs en français) et les difficultés rencontrées par le royaume.
Après le décès de Joffrey, empoisonné lors de son banquet de mariage, c’est son frère Tommen âgé de 8 ans qui prend les rênes du royaume. Du moins officiellement car dans les faits, c’est la redoutable reine Cersei qui gouverne comme régente. Outre Stannis Baratheon qui réclame le trône (et dont on entend peu parler dans ce tome), le royaume a plusieurs problèmes. Tout d’abord il y a une passation de pouvoir en cours dans les Iron Islands après la mort du roi autoproclamé Balon Greyjoy. Le château de Riverrun est toujours tenu par la famille Tully malgré un long siège. A la cour, les Tyrell se font de plus en plus présents alors que les Lannister sont affaiblis par la mort de Tywin Lannister, assassiné par son propre fils Tyrion. Le nain à l’humour décapant est un autre des grands absents de A feast for crows, ce qui est paradoxal alors que sa tête est mise à prix par sa sœur la reine Cersei. Par ailleurs, la région de Dorne au sud du royaume est la proie de tensions suite à la mort d’Oberyn Martell. Sa mort doit-elle être vengée ?
On continue de suivre Arya Stark qui a pris le bateau pour la ville de Braavos et qui doit apprendre à survivre seule dans un monde nouveau. Sa sœur Sansa est réfugiée sous la protection de Peter Baelish qui pris le pouvoir dans la région du Vale après avoir fait assassiner sa femme. Brienne de Tarth est toujours à la recherche des sœurs Stark. Elle erre sur les routes du royaume, désireuse de rendre réelles les promesses faites à Catelyn Stark et Jamie Lannister. Ce dernier est toujours à la tête de la garde royale mais il reste troublé par l’amputation de sa main et par le fait que Cersei s’éloigne de lui. Nouveautés dans ce tome, la présence de brigands errants qui sèment la terreur dans les campagne et des bandes de religieux chassés par la guerre et qui cherchent une protection. Samwell Tarly représente la garde de nuit. Il est envoyé par John Snow devenu Lord Commander pour se former comme maître dans la citadelle d’Oldtown.
Si vous ne connaissez pas l’univers de George R. R. Martin, la litanie de noms que je viens d’écrire vous aura au mieux laissé indifférent et au pire complètement réticents à découvrir un univers éminemment complexe. Et pourtant c’est un monde très riche ! Il faut bien sûr commencer par le premier. Les intrigues sont complexes, les personnages nombreux mais le suspense est à couper le souffle. Il n’y a aucune pitié dans le monde de Westeros. Tout est question de survie, que ce soit pour les familles ou les individus. L’honneur est une vertu clé dans ce Moyen-Age réinventé. Certains personnages gagnent en profondeur au fur et à mesure des épreuves et de nouvelles personnes viennent enrichir les récits.
J’ai mis du temps à me plonger dans ce quatrième tome mais je suis ensuite complètement entré dedans. J’ai été perturbé par le choix d’écarter certains personnages et de privilégier certains arcs narratifs. George R. R. Martin (GRRM pour les intimes) sait créer l’attente. Ces romans sont comme une drogue. C’est aussi comme ça qu’on voit que la série a bien été adaptée à l’écran car elle aussi est ultra addictive. Je ne vais donc pas tarder de vous parler du cinquième tome et en attendant si ce n’est déjà fait, je vous invite à entrer dans un univers passionnant, exigeant et sans pitié.
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J’ai écrit plus haut qu’il y avait beaucoup de morts dans A feast for crows. Mais comment meurt-on à Westeros ? Ce tome 4 compte de nombreux pendus. La pendaison est la première cause de mortalité dans ce livre. La faute aux bandits qui parcourent les campagnes et dont les crimes ne restent pas toujours impunis. Le coup d’épée dans le ventre est efficace. Ainsi Brienne tue plusieurs personnages de cette façon. Un de ses compagnons de route se fait lui égorger. Arya elle aussi égorge un déserteur de la garde de nuit. Notons une mort naturelle au milieu de ce bain de sang, celle de maître Aemon qui décède dans son sommeil à l’âge très avancé de 102 ans. Quelques suicides sont mentionnés dans ce livre. Il y a un cas de noyade quand Victorian Greyjoy mène un raid maritime pour s’emparer de plusieurs îles convoitées. Un pauvre bougre est décapité à tort. Sa tête est présentée à Cersei qui pensait qu’il s’agissait de son frère. Fausse joie. Cersei est aussi à l’origine de la mort d’un chevalier mort en combat singulier. Elle lui avait demandé de se débarrasser de Bronn, l’ancien mercenaire employé par son frère. Mais Bronn est resté un combattant hors pair. Si on sort des morts à proprement parler, il faut noter que la torture est couramment employée pour faire avouer un supposé criminel. Ainsi Cersei y a recours alors qu’elle complote contre Margaery Tyrell. A feast for crows n’est pas le plus meurtrier des opus de la série. Pas de grandes batailles comme dans A clash of Kings mais plutôt des manipulations politiques pour conquérir ou garder le pouvoir et le trône de fer.