Mystère et boule de gomme, ça fait de nombreuses années que je croise la route du roman de William Golding sans jamais avoir eu l’envie de le lire. En fait j’ai toujours trouvé la couverture bizarre. Je ne vous la mettrai pas ici mais c’est celle avec des insectes en gros plan qui sont épinglés comme dans une collection. D’autant que cette illustration n’a pas grand chose à voir avec le propos du roman. Surmontant mes appréhensions, j’ai lu Sa majesté des mouches et du coup, je vous mets une couverture de livre davantage en rapport avec l’histoire du roman.
Paru en 1954, ce roman raconte l’histoire de garçons qui sont les seuls survivants d’un crash d’avion. Ils se retrouvent sur une île déserte du Pacifique. En l’absence d’adultes, les enfants doivent s’organiser pour survivre et pour être secourus. Les enfants s’organisent en convoquant des réunions collectives pour débattre de ce qu’il faut faire et pour se répartir les rôles. Mais rapidement les peurs et les désaccords sur les priorités se font jour…
Ce roman comporte plusieurs niveaux de lecture, c’est pourquoi il conviendra à la fois aux enfants avides d’aventures (exploration de l’île, construction de cabanes, chasse au cochons sauvages…) et aux adultes attentifs à la métaphore proposée par William Golding. En effet, j’ai vu dans Sa majesté des mouches une réflexion sur la notion de gouvernement. Ralph, 12 ans, est celui qui a été élu comme chef par la communauté. D’un naturel raisonnable et sachant fixer les grandes priorités, il est toutefois sujet au doute dans ses décisions. Et il doit faire face à l’opposition d’abord larvée puis affichée de Jack, responsable d’un groupe d’enfants nommé la maîtrise, il devient le chef des chasseurs et ne tarde pas à mettre en place une organisation militaire dont il prend la tête. Piggy est un enfant rondouillard à lunettes. Objet des moqueries de nombreux enfants, il a une approche intellectuel des choses et est un appui solide pour Ralph. Simon a la tête sur les épaules mais un peu timide pour faire avancer ses idées auprès du groupe. Roger, acolyte de Jack, se révèle violent et cruel… Et au milieu la masse des suiveurs et des jeunes enfants. Sa majesté des mouches m’a fait penser au débat entre Rousseau et Hobbes : l’être humain à l’état sauvage est-il naturellement bon ? Souvenez-vous du bon sauvage de Rousseau et par opposition « l’Homme est un loup pour l’Homme » (Homo homini lupus pour les 3 latinistes au fond) de Hobbes. La fable de Golding illustre très bien ce débat et force est de constater que l’auteur penche plutôt du côté de Hobbes tant les enfants prennent une mauvaise tangente en l’absence d’adultes et de lois.
Au-delà de ces réflexions de philosophie politique, je me suis surpris à trouver ce récit haletant en raison des tensions entre les personnages et de la violence qui émane de ces tensions. Jusqu’au bout, je me suis demandé quel allait être le dénouement de ce livre.