Tout vient à point à qui sait attendre ! Je ne connaissais pas Herta Müller jusqu’à ce qu’elle obtienne le prix Nobel de littérature en 2009. Six ans plus tard, j’ouvre enfin un de ses romans : la convocation.
La convocation décrit le quotidien pesant sous la dictature communiste roumaine. On y suit les pensées d’une narratrice qui prend le tramway pour se rendre à une énième convocation des autorités où elle sera interrogée à nouveau par un commissaire rustre et manipulateur. En effet, cette femme a été surprise à glisser un petit mot dans des vêtements à destination de l’Italie dans l’atelier de confection où elle travaille. La communication avec l’étranger est par nature un acte suspicieux dans une dictature. Les convocations se suivent et à chaque fois, le commissaire la soumet à un flot continu de questions jusqu’à la persécuter et à l’humilier. Le trajet en tramway de cette femme est une cruelle anticipation de ce moment redouté et l’occasion de penser à son quotidien.
Herta Müller rend palpable l’ambiance de surveillance permanente et la recherche de coupables, incitant ainsi chacun à la dénonciation. Les individus deviennent eux-même les rouages d’un système oppressant. Avec la convocation, Herta Müller dénonce l’absurdité qui mène jusqu’à la destruction de la société. La vie familiale de la narratrice du roman est détruite, son mari est alcoolique et elle éprouve la nostalgie de sa vie à la campagne pendant sa jeunesse et de son amitié avec Lilli jusqu’à la fin tragique de celle-ci.
Herta Müller est originaire d’une région roumaine germanophone. Elle a bien connu l’ambiance qu’elle décrit dans la convocation. C’est notamment la description du quotidien de la dictature en Roumanie dans son oeuvre qui lui a valu le prix Nobel de littérature.
Il faut admettre que la convocation n’est pas un roman facile à lire. Il faut en effet suivre les pensées de la narratrice au fur et à mesure de ce trajet en tram. Cette absence de structure clairement établie pourra gêner certains lecteurs. Par ailleurs, le roman est dur. J’ai trouvé l’environnement très oppressant pour le lecteur également. Le quotidien difficile qui est décrit fait qu’il faut s’accrocher pour poursuivre la lecture.