Paul à Québec, Michel Rabagliati

Je fréquente les Paul de Michel Rabagliati depuis plusieurs années. C’est un ami qui me l’a fait découvrir peu de temps après mon arrivée au Québec. Ça a commencé avec Paul en appartement et me voici maintenant avec le petit dernier entre les mains : Paul à Québec.

Dans cette grosse bande-dessinée (161 planches), Paul va à Québec pour rendre visite à sa belle famille à l’occasion de la Saint-Jean Baptiste, fête nationale du Québec. Cette réunion familiale donne lieu à des retrouvailles et des activités avec la famille élargie. De retour sur Montréal, Paul, sa femme et sa fille apprennent qu’un des membres de la famille souffre d’une maladie.

De tous les Paul que j’ai lu, Paul à Québec est indéniablement le plus grave. Je vous rassure, on sourit à de nombreuses occasions. Mais le livre comporte des moments véritablement poignants (et c’est un homme qui vous le dit). De vraies montagnes russes au niveau émotionnel. Une chose en particulier que je retiens de cette lecture est la capacité de Michel Rabagliati à jouer avec les silences. Pas facile en BD mais c’est très bien fait dans Paul à Québec. L’ économie de mots soutient très bien le propos grave. Il y a quelque chose de cinématographique complètement assumé dans certaines scènes. Et Michel Rabagliati parvient toujours à montrer le Québec dans ses détails insignifiants mais tellement importants. Le livre s’ouvre d’ailleurs sur le restau Madrid sur l’autoroute 20 que toute personne qui a voyagé sur l’A20 entre Montréal et Québec a forcément vu.

Samedi dernier j’ai eu la chance d’écouter Michel Rabagliati parler à la bibliothèque Marie Uguay. S’excusant d’abord d’être un piètre orateur (c’est faux, il est passionnant à écouter), il s’est mué en historien de la bande dessinée pour expliquer quelles étaient ses sources d’inspiration. Il a aussi présenté sa manière de travailler. J’ai particulièrement retenu le fait qu’avant d’être un dessinateur, Michel Rabagliati se conçoit surtout comme un metteur en scène. Pour lui, c’est l’histoire qu’il raconte qui est importante. N’eût été d’un emploi du temps familial chargé, je serais resté plus longtemps pour écouter un auteur passionné et passionnant. La bibliothèque Marie Uguay présente une exposition sur Michel Rabagliati intitulée « L’univers de Paul et autres petites choses » jusqu’au 30 septembre. Avis aux amateurs de bédé québécoise !

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Miam Miam Fléau, Marsi

Je vous propose une petite incursion dans le monde de la bande dessinée québécoise. Il s’agit d’un milieu qui regorge de nombreux talents. Il faudra que je prenne un peu de temps pour partager mes trop rares lectures dans ce domaine. Quid de Miam Miam Fléau ? Et bien, j’ai connu Marsi par le biais de nulle autre que Venise qui nous entretient de littérature québécoise sur son Passe Mot.

En quelques cases, le lecteur est plongé dans un univers déjanté. Borbo, le goûteur de Taraboum 1er, roi des Gôls, s’est enfui, dévastant les garde-mangers de la campagne environnante et causant l’effroi auprès des villageois et des cuisiniers. Pouette et Coco Météor partent à sa recherche de toute urgence car le roi refuse de se nourrir si son goûteur officiel n’est pas là.

Avec Miam Miam Fléau, Marsi a accouché d’une excellente bande-dessinée. Il arrive avec une identité graphique propre et très léchée. Ses créatures sont plus tordues les unes que les autres. Ses textes sont plein d’humour et cette BD sera appréciée par les jeunes et les moins jeunes. Bref on s’amuse beaucoup à la lecture de Miam Miam Fléau. C’est un très beau livre, un ouvrage de belle facture. J’ai été un peu surpris au début par l’entrée en matière qui nous plonge tout de suite dans l’action. Je craignais en effet de m’y perdre entre les différents personnages. Mais une fois les les personnages et les morceaux remis dans le bon ordre, j’ai savouré cette histoire à la narration cinématographique. Et Miam Miam Fléau possède aussi une qualité essentielle selon moi pour une bande dessinée, elle se relit avec plaisir.

Alors amateurs de bédé, faites connaissance d’urgence avec Marsi et Miam Miam Fléau. Je sais que c’est lui mettre de la pression sur les épaules, mais j’ai hâte de lire une nouvelle BD de Marsi.

Vous pouvez en savoir un peu plus sur Marsi et son univers en visitant le pigeonographe.