13 raisons, Jay Asher

Je n’ai pas encore regardé la série 13 reasons why qui passe sur Netflix mais j’en connais le pitch. C’est l’histoire de Hannah Baker, jeune lycéenne américaine qui se suicide et qui laisse derrière elle des cassettes audio (oui ça existe encore en 2018 on dirait) aux 13 personnes qui selon elle sont responsables de son suicide. Ce que je savais pas en revanche, c’est que la série était basée sur le premier roman d’un auteur américain nommé Jay Asher et publié en 2007.

13 raison Jay Asher

Nous voilà en train de lire les pensées de Clay Jensen, qui connaissait Hannah Baker puisqu’ils partageaient plusieurs cours dans leurs emplois du temps, au moment même où il reçoit les cassettes envoyées par Hannah après son suicide. Hannah les a envoyées aux 13 personnes qui ont joué un rôle dans son suicide. Clay n’est pas le premier et il découvre au fur et à mesure quelles personnes ont conduit petit à petit à la mort de Hannah. Elle revient également sur les lieux de sa ville qui ont marqué son parcours et sa chute. Le suspense ne provient pas de l’issue, on sait d’emblée qu’Hannah s’est tuée. En revanche, on se demande avec Clay pourquoi il est parmi les destinataires des cassettes alors qu’il considère qu’il n’a rien fait de mal.

Le roman est plutôt court avec 186 pages. Ça tombe bien c’est ce qui donne son rythme au récit. Pas le temps de s’ennuyer avec de longues présentations des personnages, on est tout de suite dans le vif du sujet. 13 raisons alterne entre ce que dit Hannah sur les cassettes et les pensées de Clay. C’est un peu perturbant au début mais ensuite, une fois qu’on a bien fait son cerveau à cette gymnastique (je suis un homme, pas facile de suivre deux choses à la fois), tout se passe bien.

13 raisons est une lecture qui sensibilise le lecteur à son comportement vis-à-vis d’autrui. Les rumeurs, les comportements sexistes, le harcèlement sexuel, voilà ce qui a mené la jeune fille à se tuer. On peut éventuellement reprocher à Jay Asher un manque de réalisme à certains moments (jamais Hannah ne se tourne vers ses parents qui sont quasiment inexistants dans son récit) mais le roman permet d’introduire une certaine gravité auprès d’un public de lecteurs qu’on devine jeune et d’ouvrir le débat sur le harcèlement et le sexisme. Une ouverture d’esprit indispensable.

Carrie, Stephen King

Carrie est le tout premier roman de Stephen King mais c’est aussi le premier roman que je lis de lui. Je l’ai lu en version originale.

Carrie, Stephen King

Carrie White est une jeune fille de 16 ans qui vit avec sa mère Margaret dans la petite ville de Chamberlain dans l’Etat du Maine. Elle dispose du pouvoir de faire bouger des objets à distance mais elle maîtrise encore mal ce don de télékinésie. Ostracisée, Carrie est l’objet des moqueries de ses camarades de classe de la high school locale. L’une d’elle, Sue Snell, honteuse de son attitude envers Carrie lors d’un épisode de moquerie collective, se sent coupable et demande à Tommy, son petit ami, d’accompagner Carrie au bal de fin d’année (le fameux bal de promotion américain). Elle imagine qu’ainsi Carrie se sentira moins mise à part au bras d’un des garçons les plus populaires de l’école. Mais c’est sans compter sur une autre élève qui a été exclue du bal pour s’être moquée de Carrie et qui est bien décidée à ruiner la soirée de Carrie.

Stephen King est connu comme maitre du suspense et à la lecture de Carrie, je ne peux que joindre ma voix au chœur. La beauté de Carrie réside dans le fait que Stephen King distille au fur et à mesure du récit des bribes de ce qui va se passer plus tard. Le lecteur est donc au courant de ce qui va se passer mais l’intérêt est de savoir comment cela va se passer. Rien de tel pour retenir l’attention du lecteur ! C’est d’autant bien fait que le récit principal du point de vue d’un narrateur omniscient est entrecoupé d’extraits de livres, de journaux et de rapports qui cherchent a posteriori à expliquer les faits. En outre, Stephen King se place sur le thème du fantastique en dotant le personnage principal de pouvoirs spéciaux particulièrement fascinants et décrits comme tout à fait possibles. En effet, plusieurs extraits de livres et des articles décryptent « scientifiquement » les pouvoirs de Carrie.

Carrie contient tous les ingrédient du livre à succès. J’ai déjà parlé du suspense et du fantastique mais il y a aussi tout le contexte du roman. L’action se déroule dans le lycée (high school) d’une petite ville des Etats-Unis. Le lycée est un lieu central dans la vie des Américains. Et surtout le bal de fin d’année est un rite de passage pour les adolescents américains, c’est un moment à enjeux. Les personnages sont des classiques : outre la fille dont on se moque et qui est mise à l’écart, il y a le garçon sportif et populaire, en couple avec la jolie fille sympa. Mais il y a aussi la pimbêche pourrie gâtée et le voyou du coin. Evidemment il y a le proviseur bienveillant qui a fort à faire avec les parents influents de la petite ville, le gentil shérif et les parents inquiets pour leur progéniture.

Plus qu’un livre fantastique, j’ai trouvé que Carrie portait surtout sur l’adolescence, ce passage de l’enfance à la vie adulte, et sur la façon dont cette époque de la vie peut être mal vécue. Carrie White est en effet partagée entre le respect des valeurs morales rigides inculquées par sa mère très croyante et l’attrait d’une vie plus divertissante si elle était intégrée avec ses camarades de classe. Le comportement de Carrie montre les pensées d’une adolescente en rage contre le monde qui l’entoure. Tout ce qu’elle a subi ressort d’un seul coup : les mauvais coups, les moqueries, les brimades… tout ce qu’aujourd’hui on appelle l’intimidation est au coeur du roman de Stephen King. Ceux qui se sont déjà sentis intimidés voire harcelés ont déjà eu cette envie de vengeance destructrice qui anime Carrie. Une lecture cathartique en somme.