
Kudos, Rachel Cusk

Je m'appelle Philippe et je lis des livres dans mon temps libre.
Cela fait plusieurs années que j’avais envie de lire un roman de Chrystine Brouillet, auteure québécoise de nombreux romans policiers. J’ai choisi le collectionneur qui est paru en 1995.
Maud Graham est une enquêtrice de police qui travaille à Québec. Elle est mandatée sur une enquête quand le corps d’une femme est découvert avec un membre manquant. Ce cas ressemble à d’autres meurtres similaires à Montréal et aux Etats-Unis qui sont demeurés non résolus. Mais à chaque fois, c’est un morceau différent du corps qui est prélevé. La presse ne tarde pas à faire un lien entre toutes ces affaires et affuble le présumé tueur en série du surnom de collectionneur.
Je qualifie le collectionneur de bon roman policier mais sans plus. Je vous explique pourquoi. Tout d’abord, on a affaire à un tueur particulièrement cruel et malade. C’est donc un personnage qu’on aime détester. L’originalité du récit tient dans le fait que certains chapitres nous font vivre les pensées et l’action du point de vue du tueur. Le lecteur apprend ainsi à le connaître et à deviner ses prochains coups. J’ai aussi beaucoup aimé la galerie de personnages proposée par Chrystine Brouillet. Maud Graham n’est pas parfaite : aujourd’hui séparée, elle est nostalgique de sa vie de couple, elle est en surpoids et ne s’entend pas avec sa hiérarchie. Mais les personnages secondaires sont eux aussi très réussis, tels Grégoire le jeune prostitué de 16 ans que Maud Graham prend sous son aile sans toutefois parvenir à l’apprivoiser complètement et qui la surnomme affectueusement « biscuit » (comme les biscuits Graham, célèbres au Québec). Il y a aussi Gagnon, le légiste secrètement amoureux de Maud ou encore son collègue Rouaix qui soutient Graham dans son enquête. Chrystine Brouillet n’hésite pas traiter de sujets malheureusement encore d’actualité en 2019 comme les fugues adolescentes, la drogue ou la prostitution, en l’occurrence la prostitution masculine. Le seul point qui m’a dérangé dans le collectionneur est le fait que le récit va parfois un peu vite. Je pense notamment aux liens qui sont faits très rapidement entre toutes les affaires similaires mais aussi à la fin du roman avec une confrontation finale qui aurait pu durer davantage. Donc voilà, j’ai pris du plaisir à lire ce roman mais j’en aurais voulu plus ! Une bonne raison de lire un autre roman policier de Chrystine Brouillet ? Sans doute, d’autant que Maud Graham est un personnage récurrent que j’aurai plaisir à retrouver.
Il est temps de réparer une injustice ! Après avoir parlé des deux premiers opus de sa trilogie, à savoir Hongrie-Hollywood Express et Mayonnaise, j’avais négligé de chroniquer Pomme S d’Eric Plamondon. Je l’avais lu dans la foulée des deux autres début 2013 (6 ans déjà) mais je n’en avais pas encore fait mention ici. Qu’à cela ne tienne, j’ai relu Pomme S pour bien vous en parler.Pomme S, c’est l’histoire de Steve Jobs revue et corrigée par la plume d’Eric Plamondon. Ca veut dire des liens entre des faits apparemment anodins ou non connectés, présentés dans un ordre qui n’appartient qu’au récit voulu par l’auteur. Le tout entremêlé de chapitre sur le narrateur et Gabriel Rivages, personnage sans doute alter ego de l’auteur, qu’on retrouvait déjà dans les deux autres romans de cette trilogie. C’est le roman de la maturité pour Gabriel Rivages. Dans cet opus, on y découvre en effet un narrateur qui est devenu un père ému devant son fils.
Quel est le lien entre Johnny Weismüller, Richard Brautigan et Steve Jobs. L’année 1984 a été centrale pour ces trois personnages publics. Weismüller est mort cette année-là, de même que Brautigan qui s’est suicidé en 1984. Cette année est beaucoup moins funeste pour Jobs. Eric Plamondon retient cette année car c’est le lancement du Mac avec une publicité passée dans les annales. Pour la voir, c’est ici : Apple 1984. Réalisée par nul autre que Ridley Scott (Alien), elle marque le début de ce qu’on appelle aujourd’hui le storytelling en marketing et en publicité. L’histoire que la marque raconte prend le pas sur les produits eux-mêmes. Nous sommes en 2019, 35 ans après 1984, et Apple a gardé cette ligne directrice. Vous n’achetez pas un iPhone uniquement pour ses capacités techniques mais aussi (voire surtout) parce qu’Apple vous fait rêver. Et bien la vie de Steve Jobs, c’est un peu pareil. Il n’a jamais cessé de raconter une histoire sur son parcours, quitte à travestir certains épisodes. Et l’histoire que nous raconte Eric Plamondon à propos de Steve jobs est elle-même passionnante. Ces petits chapitres se dévorent les uns après les autres et sont parfaits pour notre époque de snackable content.
C’est donc l’esprit tranquille que je referme officiellement cette trilogie. Pour mieux me consacrer à une autre roman d’Eric Plamondon.
Attention malaise. Ou plutôt malaises. Il faut l’écrire au pluriel car on bascule à plusieurs reprises du côté sombre de l’âme humaine dans My absolute darling, le premier roman de l’auteur américain Gabriel Tallent.
On peut faire confiance aux éditions Gallmeister pour dénicher des voix originales qui hésitent pas à aborder des thèmes qui dérangent. Ces gens-là ne peuvent pas s’empêcher de gratter les croûtes de nos petits et grands bobos. Et c’est le cas de Gabriel Tallent. Que nous raconte-t-il dans ce roman ?
My absolute darling raconte l’histoire d’une jeune fille surnommée Turtle. Elle a 14 ans et vit avec son père depuis le décès de sa mère alors qu’elle était encore une enfant. Le problème est que son père est un peu extrême dans son éducation (euphémisme !). Il veut qu’elle soit forte dans sa tête et physiquement et qu’elle sache manier les armes à feu. Il y en a une petite collection dans la maison et chaque jour est le prétexte à un exercice et à des leçons de vie. La maison est très mal entretenue avec des murs ouverts aux courants d’air et un mobilier fait de bric et de broc. Au collège, Turtle est une élève en difficulté. Sa situation interpelle une de ses professeurs mais Turtle se ferme quand on lui demande comment ça va à la maison.
Pour tout vous dire j’ai failli arrêter ma lecture à la fin du premier chapitre car il se termine sur une scène très dure. Et puis j’ai continué mais toujours avec une boule à l’estomac. J’ai eu envie de savoir si une issue était possible pour Turtle étant donné la situation. Et je me suis même plongé sérieusement dans le récit un peu fou imaginé par Gabriel Tallent, enchaînant les chapitres jusqu’au dénouement. Voilà donc un roman qui secoue son lecteur. Que le premier qui reste indifférent à la lecture de My absolute darling lève la main !
Je n’ai pas encore regardé la série 13 reasons why qui passe sur Netflix mais j’en connais le pitch. C’est l’histoire de Hannah Baker, jeune lycéenne américaine qui se suicide et qui laisse derrière elle des cassettes audio (oui ça existe encore en 2018 on dirait) aux 13 personnes qui selon elle sont responsables de son suicide. Ce que je savais pas en revanche, c’est que la série était basée sur le premier roman d’un auteur américain nommé Jay Asher et publié en 2007.
Nous voilà en train de lire les pensées de Clay Jensen, qui connaissait Hannah Baker puisqu’ils partageaient plusieurs cours dans leurs emplois du temps, au moment même où il reçoit les cassettes envoyées par Hannah après son suicide. Hannah les a envoyées aux 13 personnes qui ont joué un rôle dans son suicide. Clay n’est pas le premier et il découvre au fur et à mesure quelles personnes ont conduit petit à petit à la mort de Hannah. Elle revient également sur les lieux de sa ville qui ont marqué son parcours et sa chute. Le suspense ne provient pas de l’issue, on sait d’emblée qu’Hannah s’est tuée. En revanche, on se demande avec Clay pourquoi il est parmi les destinataires des cassettes alors qu’il considère qu’il n’a rien fait de mal.
Le roman est plutôt court avec 186 pages. Ça tombe bien c’est ce qui donne son rythme au récit. Pas le temps de s’ennuyer avec de longues présentations des personnages, on est tout de suite dans le vif du sujet. 13 raisons alterne entre ce que dit Hannah sur les cassettes et les pensées de Clay. C’est un peu perturbant au début mais ensuite, une fois qu’on a bien fait son cerveau à cette gymnastique (je suis un homme, pas facile de suivre deux choses à la fois), tout se passe bien.
13 raisons est une lecture qui sensibilise le lecteur à son comportement vis-à-vis d’autrui. Les rumeurs, les comportements sexistes, le harcèlement sexuel, voilà ce qui a mené la jeune fille à se tuer. On peut éventuellement reprocher à Jay Asher un manque de réalisme à certains moments (jamais Hannah ne se tourne vers ses parents qui sont quasiment inexistants dans son récit) mais le roman permet d’introduire une certaine gravité auprès d’un public de lecteurs qu’on devine jeune et d’ouvrir le débat sur le harcèlement et le sexisme. Une ouverture d’esprit indispensable.
Un livre repéré quelques semaines après sa sortie et au résumé prometteur : un jet privé s’écrase au large de New-York. Deux personnes survivent. S’agit-il d’un accident ou d’un attentat ? En effet certains des passagers étaient des personnalités en vue…
L’intrigue est somme toute assez simple et promet une belle enquête. Je n’ai pas été déçu par ma lecture d’Avant la chute. En effet, Noah Hawley sait jouer le suspense dans son écriture. Il suit un des survivants dans les jours qui suivent le crash de l’avion. Il s’agit de Scott Burroughs, un artiste peintre qui essaie de se relancer après plusieurs années de vaches maigres en peignant des tableaux représentants des catastrophes et des accidents. Coïncidence ?
Noah Hawley revient sur le parcours de chacun des passagers, y compris le personnel de la compagnie aérienne mais aussi sur la personne chargée de l’enquête. Outre les trajectoires individuelles qui sont décrites, Avant la chute est aussi une chronique de certains maux de l’Amérique contemporaine. En particulier l’essor des chaînes d’information continue avec un penchant assumé à droite (coucou Fox News). Dans le roman, la chaîne s’appelle ALC et son présentateur vedette fait tout pour exploiter la catastrophe en allant de polémique en polémique afin de réaliser des audiences. Il va jusqu’à s’immiscer dans la vie personnel des survivants et des personnes décédées dans l’accident.
Allez un petit bémol tout de même. L’explication du crash de l’avion m’a un peu laissé sur ma faim car un poil triviale. Mais pas de quoi vous gâcher le plaisir de la lecture.
Au détour d’un article lu il y a quelques mois, j’ai repéré le nom de David Treuer comme étant un jeune auteur américain à surveiller. Et voilà que j’ai entre mes mains son roman Et la vie nous emportera paru en 2016.
Dans les années 40, Frankie, jeune étudiant, rend visite pendant les vacances d’été à ses parents dans leur résidence estivale du Minnesota. Alors qu’un prisonnier de guerre allemand s’est échappé d’un camp à proximité, une battue est organisée au cours de laquelle une fillette indienne est tuée accidentellement.
Voilà rapidement l’intrigue du roman. N’espérez pas une histoire à proprement parler. Et la vie nous emportera est plutôt une galerie de portraits. Parmi lesquels ressort celui de Félix, l’indien en charge de l’entretien de la résidence familiale. Ancien combattant de la première guerre mondiale, il joue le rôle de père pour Frankie. David Treuer ratisse large en termes de thématiques puisqu’il y est question de la condition indienne et métis dans l’Amérique du XXe siècle, de la seconde guerre mondiale à travers les yeux d’un soldat à bord d’un bombardier, de l’homosexualité masculine dans les années 40 mais aussi de la persécution des juifs. Si je dois retenir un point commun entre ces différentes facettes du récit, c’est le thème de la distance. Les personnages s’éloignent les uns des autres et tout part de l’accident originel.
Dernier point, j’ai trouvé le titre un peu mou et neutre : et la vie nous emportera ne révèle pas grand chose de l’univers ou du récit proposé par David Treuer. En version originale, le roman est intitulé Prudence, du nom de la jeune fille décédée. Ce n’est pas parfait mais cela donne un peu de cachet au roman.
Tiens, tiens, tiens… ça faisait un petit bout de temps que je ne vous avais pas embêté avec un livre de Don DeLillo. Ca fait deux ans et demi depuis que j’ai lu le curieux Bruit de fond. Le dernier roman de Don DeLillo vient d’être publié en français sous le titre de Zero K.
Jeffrey, le narrateur, se rend dans un pays d’Asie centrale pour accompagner Ross, son père et Artis la compagne de celui-ci. Artis est gravement malade et, se sachant condamnée, elle entreprend de se faire cryogéniser en attendant d’être ressuscitée dans un futur plus ou moins lointain. La promesse est de se réveiller libéré de la vieillesse et des maladies tout en conservant un esprit vigoureux. Le processus a lieu dans un mystérieux centre nommé la convergence. Entre deux échanges avec son père et Artis, Jeffrey parcourt le centre. Il y croise des personnages étranges à qui il attribue lui-même des noms. Entre scientifiques de pointe, moine sorti de méditation ou simple charlatan, il ne sait pas où il est tombé : centre technologique de pointe ou secte millénariste, difficile de trancher. Le centre diffuse par ailleurs des vidéos déroutantes sur les murs de ses couloirs : guerre, violence, scènes de désolation. Histoire de ne pas regretter la vie terrestre avant de basculer dans le grand froid. Une fois Artis partie, Ross s’interroge s’il ne doit pas suivre le chemin de sa compagne, même s’il n’est pas malade.
Bon, vu comme ça, Zero K donne l’impression d’être un roman de science-fiction ou d’anticipation. Mais il ne faut pas se laisser abuser par la technologie présente dans le roman et le côté moderne de ce qui nous est décrit. Zero K est davantage un roman philosophique dans le sens où il questionne sur ce qui nous retient en vie. Que faire du reste de sa vie quand l’être aimé est parti comme c’est le cas pour Ross ? Que faire de sa vie quand on n’a pas pas de liens familiaux, une vie amoureuse peu passionnante ou pas de projet professionnel (le cas de Jeffrey) ? Quel sens trouver à la vie dans un monde moderne que Don DeLillo décrit comme étant à la fois froid, sombre et vide ?
La question de la fin de vie est centrale dans le dernier roman de Don DeLillo. Voie du futur ou lubie de milliardaire, on ne sait pas quoi penser de ce refus de la mort en misant sur une société future plus avancée et qu’on imagine plus heureuse. Le parallèle avec la religion est évident. Le paradis est ici remplacé par un futur technologique libéré des contingences terrestres. Et si l’approche est plus technologique, elle n’est pas pour autant dénuée de spiritualité. Don DeLillo se fait l’écho d’une quête de sens à travers les personnages de son roman. A la manière de Jeffrey, obsédé par les noms des gens et les définitions des choses qui l’entoure. Jeffrey s’approprie la réalité seulement une fois qu’il l’a nommée et définie.
Vous aurez compris que Don DeLillo n’est pas Patrick Sébastien. Il ne fait pas tourner les serviettes le samedi soir avec ses potes. Je vois Don De Lillo comme un artiste contemporain tant ses romans sont visuels. C’est le cas de Zero K avec je l’ai déjà dit les vidéos de catastrophes naturelles ou de guerre diffusées dans les couloirs de la convergence. Mais c’est aussi l’image frappante des nombreux corps nus flottant dans des réceptacles en verre dans les sous-sols du centre. Ou encore l’alignement du coucher de soleil et de l’axe des rues de New-York. Comme une oeuvre d’art contemporain, rien de cela n’est véritablement utile (dans le sens de fonctionnel) ou réjouissant. Ça n’arrête pas non plus la marche effrénée du monde. Mais si cela nous fait nous arrêter quelques instants et réfléchir, c’est toujours ça de gagné… S’il y en a une, voilà la petite pincée d’optimisme de Don DeLillo.
La publication d’un roman peut passer par l’étape du recueil de nouvelles. C’est le cas pour Caroline Legouix qui avait publié fin 2012 un recueil intitulé Visite la nuit que j’avais lu (et apprécié). Elle publie maintenant un roman au titre tout aussi nocturne : Dormir avec les fantômes.
Océane, jeune française qui émigre au Québec, vient de poser ses valises dans un hôtel de Montréal. Elle fait connaissance avec une excentrique voisine de chambre nommée Lilou et tombe sous le charme de Victor, le réceptionniste de l’hôtel. Et elle fait rapidement la connaissance de Colette, une ancienne actrice. Sous une apparence de normalité plutôt légère, chacun des protagonistes cache en fait des épisodes douloureux voire dramatiques dans son passé.
Dans Dormir avec les fantômes, la simplicité du récit mêle fluidité et exposé simple de la fragilité de chacun des protagonistes. Ils portent un fardeau et l’enjeu pour eux est de continuer à avancer, à aller vers les autres sans se laisser tirer en arrière. Caroline Legouix alterne humour et situations cocasses pour mieux faire ressortir sans les révéler complètement les traumatismes des uns des et des autres. La légèreté n’est qu’apparente et la carapace bien fine quand on creuse un peu.
Le gros inconvénient de Dormir avec les fantômes est qu’il est trop court avec sa centaine de pages ! J’aurais aimé passer plus de temps avec les personnages ou que d’autres personnages soient ajoutés à ce petit roman choral. Sur une note un peu plus personnelle, j’ai revécu avec plaisir à travers le personnage d’Océane les premiers émois d’une Française qui s’installe au Québec : qu’il s’agisse du froid, des rues interminables ou de la recherche d’un premier emploi.
Il y a 8 ans, je lisais Un monde mort comme la lune, premier roman de l’auteur québécois Michel Jean. Il vient de publier Tsunamis, un roman qui met en scène le même personnage principal, le journaliste de télévision Jean-Nicholas Legendre.
Quelques mois après le drame qui a coûté la vie à sa femme et à sa fille, le reporter Jean-Nicholas Legendre est envoyé au Sri-Lanka pour couvrir les conséquences du terrible tsunami de décembre 2004. Le Sri-Lanka fut en effet un des pays les plus touchés par cette catastrophe naturelle. Dépêché par sa rédaction quelques jours à peine après l’arrivée de la vague destructrice, Jean-Nicholas Legendre ne tarde pas à vouloir élargir son reportage à la situation politique du pays qui vit depuis plusieurs années au rythme des affrontements entre deux ethnies : les Tamouls et les Cingalais. Il a notamment l’opportunité d’interviewer un des responsables militaires des tigres tamouls, une organisation qui mène une guérilla contre le pouvoir cingalais.
Tsunamis est un roman qui joue sur plusieurs niveaux. Tout d’abord celui très personnel de la reconstruction du personnage principal suite à la vague qui l’a lui-même frappé de plein fouet après le meurtre de sa femme et de sa fille. Le reportage au Sri-Lanka offre la possibilité au reporter québécois de se plonger dans une toute autre réalité. Comme c’était le cas avec Haïti dans Un monde mort comme la lune, Tsunamis m’a permis de me familiariser avec l’histoire contemporaine du Sri Lanka, notamment en ce qui a trait aux luttes entre Tamouls et Cingalais. Chapeau à Michel Jean, lui même journaliste, pour sa capacité à rendre compte simplement des subtilités d’un conflit qui a laissé la communauté internationale indifférente. Et pour les amateurs d’action, Tsunamis constitue une formidable plongée dans une zone de combat aux côtés du journaliste et de sa fixer cingalaise, tous deux isolés en plein territoire tamoul entre l’armée cingalaise et les tigres tamouls.
L’écriture de Michel Jean est efficace et sans longueurs. Il est fin dans sa description de l’état d’esprit dévasté de son personnage principal sans tomber dans les clichés ou le pathos. De même, la situation politique complexe du Sri-Lanka est décrite de manière fluide et s’insère parfaitement dans la narration. Et Michel Jean possède une excellente maîtrise du suspense, j’ai tourné les pages les unes après les autres pour connaître la suite du récit. Bref, que du plaisir avec cette lecture !