Le voyageur imprudent, René Barjavel

Le voyageur imprudent est le deuxième roman de Barjavel que je lis, après le très bon Ravage.

Le voyageur imprudent, Barjavel

Saint-Menoux est un soldat qui fuit l’avancée allemande pendant la seconde guerre mondiale. Alors qu’il se replie avec ses compagnons d’infortune, il s’égare dans un village et entre dans une maison où l’attendent Noël Essaillon, un infirme, et sa fille Annette. Noël Essaillon lui affirme pouvoir voyager dans le temps et c’est pourquoi il savait que Saint-Menoux allait les rencontrer. C’est la complémentarité entre ces deux hommes qui permet le voyage dans le temps. En effet, les recherches en mathématiques publiées par Saint-Menoux, professeur de mathématiques dans le civil, ont permis à Essaillon, savant de son état, de débloquer le développement du voyage dans le temps. Le voyage dans le temps est rendu possible par la création de la noëlite, une substance qui avalée sous forme de gélule, permet d’avancer ou de reculer dans le temps. Essaillon perfectionne ensuite sa technologie : en enduisant un scaphandre de noëlite, les limites du voyage dans le temps sont repoussées. Incapable d’explorer le temps en raison de ses handicaps, il propose à Saint-Menoux de découvrir de nouveaux horizons grâce à son invention.

Saint-Menoux voyage dans le futur pour voir comment l’humanité évolue. Il fait d’abord un bond de 100 ans en 2052. C’est un écho à Ravage alors que les hommes sont privés d’électricité. Il voyage dans un futur encore plus lointain en l’an 100 000 et découvre une humanité complètement changée. Saint-Menoux voyage dans le temps à loisir. Il prend parfois des risques, d’où ce titre de voyageur imprudent. Après de sérieux incidents, il risque  sa propre vie et met en péril la nécessaire discrétion des voyages qu’il entreprend.

Le voyageur imprudent est intéressant à lire pour plusieurs raisons. Tout d’abord parce que c’est de la science-fiction française de qualité. On croit souvent à tort que la science-fiction est une affaire d’anglo-saxons mais Barjavel prouve avec Le voyageur imprudent qu’il est un précurseur. La qualité du roman réside aussi dans le fait que les aventures de Saint-Menoux sont riches et haletantes. C’est un homme simple qui se découvre pionnier de la science mais il reste un homme quand s’offre à lui certaines tentations. Il glisse peu à peu dans un rôle d’anti-héros. En imaginant le futur de l’humanité, Barjavel propose aussi une réflexion sur la société. En l’an 100 000, l’être humain a complètement changé, tout n’est que fonction. Comme dans un Ravage, il est assez critique de l’avenir de l’Homme. Enfin, qui dit voyage dans le temps, dit tentation de modifier le futur. C’est ce que va vivre Saint-Menoux, ce qui permettra à Barjavel d’introduire le paradoxe du grand-père, la forme la plus connue de paradoxe temporel.

A noter que Le voyageur imprudent a été adapté en 1982 par Pierre Tchernia en téléfilm, disponible en totalité sur Youtube.

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