Un début dans la vie, Honoré de Balzac

Je poursuis ma lecture de l’œuvre de Balzac avec un début dans la vie.

Ce roman de Balzac commence alors que six personnes s’apprêtent à monter à bord d’un coucou. Il s’agit d’un véhicule tiré par des chevaux qui dessert une ligne régulière. L’ancêtre de nos transports en commun. Chacun va profiter du fait de voyager incognito pour s’inventer un personnage et rire aux dépens de ses compagnons de voyage.

Balzac

Qui sont ces personnages ?
Le Comte de Sérisy s’en va visiter sa propriété, ayant eu vent des actions malhonnête de son intendant. Dans le coucou, il se fait passer pour un bourgeois nommé Lecomte.
Georges est un clerc de notaire qui voyage pour apporter à ses clients des papiers concernant la mise en vente de certaines terres convoitées par le Comte de Sérisy. C’est le passager le plus volubile, il se fait passer pour un ancien soldat de l’Empire ayant combattu en Égypte et dans l’Empire Ottoman.
Deux passagers voyagent ensemble, un peintre qui prend l’identité d’un confrère plus réputé que lui et son assistant nommé Mistigris qui a la langue bien pendue. Tous les deux vont faire croire aux autres passagers qu’ils ont vécu des aventures incroyables en Italie. Ces deux personnages sont en fait des décorateurs qui ont rendez-vous avec le Comte pour commencer des travaux dans sa résidence.
Oscar est un jeune homme qui bénéficie de la protection de l’intendant du Comte. Honteux d’avoir si peu à raconter devant les autres passagers, il se montrera trop bavard, ce qui se retournera contre lui.
Enfin le seul personnage à voyager sous sa propre identité est le Père Léger, un fermier qui veut réaliser une opération immobilière pour flouer le Comte de Sérisy.

Le roman compte plusieurs temps. Le trajet en coucou représente l’essentiel du roman. Mais curieusement après cet épisode, Balzac choisit de nous faire suivre la vie du jeune Oscar avec les conséquences de son caractère orgueilleux et son apprentissage du métier de notaire. C’est l’occasion pour Balzac de dresser le portrait du monde du notariat parisien sous la Restauration. Enfin, le roman se termine 12 ans plus tard alors que le destin réunit à nouveau les six protagonistes du départ dans le même coucou. Le roman se termine donc sous la forme d’une leçon de morale classique sur les risques qu’il y a à se faire passer pour un autre et sur le fait que les apparences sont fort trompeuses.

J’ai aimé les dialogues savoureux à bord du coucou quand chacun joue son rôle mais aussi à la fin du voyage quand les masques tombent. Il y a quelque chose de théâtral dans ces échanges et dans le dénouement. Comme toujours, j’apprécie énormément l’aspect historique des romans de Balzac. Chaque roman est un prétexte pour présenter un milieu social de la France du début du 19ième siècle. Si je dois mettre un bémol à ma lecture d’un début dans la vie, c’est que les changements dans la narration m’ont un peu déstabilisé et m’ont donné l’impression d’un collage de plusieurs projets différents: le voyage en coucou et la description de l’apprentissage d’Oscar.

Fait intéressant, Balzac s’est largement inspiré d’un texte écrit par sa sœur, Laure Surville. Celle-ci avait écrit une nouvelle où plusieurs personnages voyagent ensemble et dissimulent leur véritable identité. Pour autant, Balzac est-il un plagiaire ? Il a en effet gardé l’idée maîtresse de Laure Surville et quelques éléments majeurs. La similitude entre les textes est frappante. Mais cet emprunt s’est fait avec le consentement de sa sœur à qui il dédie d’ailleurs un début dans la vie. Et il a remanié le texte pour en faire un roman où sont approfondis les personnages et où un large détour est fait avant de revenir à la leçon finale.

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Du même auteur : Modeste Mignon.

8 réflexions au sujet de « Un début dans la vie, Honoré de Balzac »

  1. Frisette : Balzac ne m’a attiré que récemment. J’avais lu un de ses romans dans le cadre de mon parcours scolaire mais quand tu as 12-13 ans, ce n’est pas vraiment le genre de lecture qui te passionne, qui plus est quand c’est une lecture imposée. Quelques (beaucoup) années plus tard, je pense que je suis plus à même de l’apprécier.

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  2. Trop souvent, les lectures imposées à l’adolescence et surtout de classiques nous rebutent plus qu’elles nous donnent envie de découvrir l’univers de l’auteur. Heureusement qu’on change en vieillissant.

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  3. salut Phil,

    Je n’ai jamais lu Balzac non plus. car très très mauvais à priori sur cet auteur. et pour les mêmes raisons que Frisette (alors même que je ne l’ai pas étudié à l’école).
    Mais si un jour je décide de me lancer, par quel livre me conseilles-tu de commencer ?

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  4. Loïc : en fait je suis arrivé à Balzac en passant par Zola. Comme nous en avons déjà parlé, je suis un fan fini des Rougon-Macquart. Zola s’était ouvertement inspiré de la Comédie Humaine de Balzac qui voulait chroniquer à travers plusieurs romans (137 !) la société française à une époque bien précise.
    Bref, je suis fasciné par la démarche, la qualité du français, l’obsession de Balzac d’écrire et sa volonté d’être un témoin de son temps.
    Mais je ne suis pas pour autant un spécialiste de Balzac. Je suis bien embêté pour te conseiller un livre en particulier. A l’école, j’avais étudié Illusions Perdues, qui m’avait laissé un peu froid. Maintenant, je reprends la Comédie Humaine de manière chronologique avec l’aide de la bibliothèque de la Pléiade. Mon conseil serait de laisser faire le hasard ou de choisir un de ses romans les plus connus.

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  5. et bien, j’ai « la cousine Bette » sous la mais (rien que le titre déjà…).
    En fait, ce n’est pas le fait que Balzac soit très étudié en classe qui me retient (j’adore aussi Zola, Stendhal ) mais j’ai toujours eu ce sentiment que Balzac était inférieur à Zola (même si antérieur) et puis trop de descriptions inutiles et des personnages trop romanesques.
    Mais on se fait des idées parfois (que m’avait quand même confirmé un commencement de lecture (le père Goriot) il y a 3ans.

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  6. Je ne connaissais pas la Cousine Bette mais après être allé sur wikipedia (pour ce que ça vaut), ce livre semble être une des chefs d’œuvre de la Comédie Humaine. Ça vaut peut-être le coup de se lancer…
    C’est marrant, ma perception était plutôt l’inverse dans le sens que j’imaginais que Zola était un « sous Balzac ». Peut-être parce qu’il est venu après et qu’il a produit moins de romans que Balzac.
    Avouons tout de même que Zola peut être assez lourd aussi dans les descriptions.

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