Un rêve américain, Norman Mailer

Norman Mailer est décédé en novembre 2007. C’est en lisant la nécrologie de cet enfant terrible de la littérature américaine que je me suis décidé à lire un premier livre. Direction la bibliothèque du quartier et hop j’avais un rêve américain entre les mains.

Voilà un livre troublant. Il a pour thèmes la folie, le meurtre, le sexe, les bagarres, le suicide, la dépression et le racisme entre autres joyeusetés.

Stephen Rojack a tout de celui qui a réussi. Il est revenu décoré de la seconde guerre mondiale pour s’être illustré au combat, il a été élu sénateur et il a épousé une riche héritière. Mais au bout de quelques années, il abandonne sa carrière politique et son mariage bat de l’aile. Lors d’une énième dispute avec sa femme Deborah, le ton monte sérieusement et Rojack étrangle son épouse. Pris de court, il maquille son meurtre en suicide en jetant le corps de Deborah du dixième étage de son immeuble. La police va-t-elle croire Rojack et sa mise en scène ? Le père de Déborah, le puissant Oswald Kelly va-t-il être dupe et sauver son gendre qu’il n’aime pas des griffes des policiers ?

Un rêve américain

Plus qu’un roman policier, un rêve américain s’avère rapidement une vive critique de la société américaine. Les multiples protagonistes de l’affaire sont comme les acteurs d’une pièce de théâtre où ils représenteraient certains groupes sociaux : le policier irlandais alcoolique qui bat sa femme, le chanteur de jazz noir qui est courtisé par le beau monde, la mondaine qui connaît les potins sur le beau monde, le vieux mafioso italien et son neveu qui reprend les affaires en main, la fille du sud des Etats-Unis un peu paumée qui atterrit à New-York, le self-made man catholique et incestueux etc. Le titre du livre est donc très très ironique. La moralité du livre pourrait être que personne n’est blanc comme neige et surtout pas ceux qui connaissent un certain succès dans les affaires ou en société.


Avec un rêve américain, Norman Mailer réussit à transmettre au lecteur l’atmosphère angoissante dans laquelle évolue tout ce beau monde.
New-York et Harlem y sont glauques à souhait, les bas fonds de la ville ne nous sont pas épargnés. Et tout au long du roman, l’odorat du lecteur est mis à rude épreuve : relents les plus abjects, puanteurs des corps, infections des trous à rats… les odeurs sont omniprésentes et pas une seule n’est agréable.

Le thème du roman est très intéressant mais la lecture n’est pas fluide, le rythme est heurté et on ne sait pas toujours où l’auteur veut en venir. Un rêve américain est comme une grande peinture qui prend tout son sens seulement quand on se recule. Quand on a le nez dedans, ce n’est pas facile de rapprocher tous les détails et d’obtenir une cohérence d’ensemble.

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