Vendetta, R.J. Ellory

Fait inhabituel, je ne sais pas pourquoi Vendetta de R.J. Ellory s’est retrouvé dans ma liseuse. Je laisse rarement les lectures au hasard. Pas sûr que je serais allé vers cet auteur dont j’avais toutefois croisé le nom mais sans chercher plus loin.

Une jeune femme est enlevée à la Nouvelle-Orléans. Après plusieurs jours, un homme se livre à la police. Son nom est Ernesto Perez. Il est disposé à révéler où elle se trouve à condition qu’il puisse raconter l’histoire de sa vie à Ray Hartmann, un fonctionnaire qui lutte contre le crime organisé. Convoqué par le FBI en Louisiane, celui-ci écoute Ernesto Perez balayer plusieurs décennies de crimes réalisés pour le compte de la mafia entre La Havane, New-York, Los Angeles et Chicago tout en espérant que la jeune femme puisse être sauvée.

Bien m’en a pris de me laisser tenter par cette lecture. J’ai adoré Vendetta. C’est un roman très cinématographique. Le parallèle est évident avec Usual Suspects avec un homme qui se livre aux autorités et commence à raconter l’histoire de sa vie. Même si dans le cas présent, la vie de Perez est conforme à ce qu’il raconte, le twist final m’évoque inévitablement Usual Suspects, même si la révélation finale est relativement prévisible. Une lecture qui plaira aux amateurs de cinéma, de mafia et de polars. Ceux qui aiment frissonner à la lecture de crimes particulièrement tortueux seront servis. R.J. Ellory en profite pour expliquer (fictivement) trois des meurtres les plus célèbres de l’histoire moderne des Etats-Unis : celui du syndicaliste aux relations interlopes Jimmy Hoffa, celui de JFK et celui de son frère Robert. Le suspense est tel que je me suis surpris à avaler les 400 pages du roman sans problème. La Nouvelle-Orléans et la Louisiane fournissent un décor moite et sombre qui est idéal pour un roman de cette trempe.

Dans la série des lectures qui se télescopent, j’ai lu Vendetta juste après Shibumi, un autre roman qui décrit la vie d’un tueur à gages.

Vendetta a remporté le prix des libraires du Québec en 2010.

Publicité

Petit-déjeuner chez Tiffany, Truman Capote

Ça fait un moment que je voulais lire ce livre. Je pensais bien naïvement qu’il s’agissait d’un roman mais c’est en fait un recueil de nouvelles. La première et la plus longue donne son titre au recueil : Petit-déjeuner chez Tiffany. De Truman Capote, j’avais déjà lu De sang-froid.

Le narrateur raconte l’histoire d’Holly Golightly, une jeune femme qui fut sa voisine quelques années auparavant. Ayant perdu sa trace, il revient sur sa rencontre et la vie de cette jeune excentrique.

L’intérêt de cette nouvelle n’est pas dans l’histoire simple mais dans la façon dont elle est racontée. Présentée de façon linéaire, l’histoire de cette prostituée fêtarde aux relations interlopes aurait parue plus commune n’eût été de la fascination qu’elle exerce sur le narrateur. Présentée comme forte et fragile à la fois, Holly Golightly est avant tout libre. Libre de ses relations, libre de croire ceux qui la manipulent, libre de refuser une belle opportunité professionnelle à Hollywood, libre de s’échapper de sa famille, libre de rêver au mariage avec un riche Brésilien. C’est un personnage riche et on comprend le narrateur de vouloir savoir ce qu’elle est devenue. Cette nouvelle est aussi l’occasion de faire connaissance avec le New-York des années 50.

Trois autres nouvelles composent ce recueil. Dans la maison de fleurs, l’action se passe à Haïti et raconte l’histoire d’une prostituée qui quitte la maison close qui l’emploie pour suivre le jeune homme qu’elle vient d’épouser. Dans la guitare de diamants, un jeune musicien arrive dans une prison et convainc un ancien de tenter l’évasion avec lui. La dernière nouvelle s’appelle un souvenir de Noël et relate la complicité entre un enfant de 7 ans et une veille femme à l’esprit simple.

Le point commun des nouvelles de Petit-déjeuner chez Tiffany est la présence du tragique dans la vie de chacun des personnages. Ce sont des abîmés de la vie, des figures qui détonent dans une Amérique conservatrice.
Truman Capote me donne une nouvelle fois l’impression d’être un fin observateur des individus et dans chacune des nouvelles, il vise juste et apporte un point de vue pertinent qui donne envie de lire l’histoire qu’il nous présente.