Le collectionneur, Chrystine Brouillet

Cela fait plusieurs années que j’avais envie de lire un roman de Chrystine Brouillet, auteure québécoise de nombreux romans policiers. J’ai choisi le collectionneur qui est paru en 1995.

Maud Graham est une enquêtrice de police qui travaille à Québec. Elle est mandatée sur une enquête quand le corps d’une femme est découvert avec un membre manquant. Ce cas ressemble à d’autres meurtres similaires à Montréal et aux Etats-Unis qui sont demeurés non résolus. Mais à chaque fois, c’est un morceau différent du corps qui est prélevé. La presse ne tarde pas à faire un lien entre toutes ces affaires et affuble le présumé tueur en série du surnom de collectionneur.

Je qualifie le collectionneur de bon roman policier mais sans plus. Je vous explique pourquoi. Tout d’abord, on a affaire à un tueur particulièrement cruel et malade. C’est donc un personnage qu’on aime détester. L’originalité du récit tient dans le fait que certains chapitres nous font vivre les pensées et l’action du point de vue du tueur. Le lecteur apprend ainsi à le connaître et à deviner ses prochains coups. J’ai aussi beaucoup aimé la galerie de personnages proposée par Chrystine Brouillet. Maud Graham n’est pas parfaite : aujourd’hui séparée, elle est nostalgique de sa vie de couple, elle est en surpoids et ne s’entend pas avec sa hiérarchie. Mais les personnages secondaires sont eux aussi très réussis, tels Grégoire le jeune prostitué de 16 ans que Maud Graham prend sous son aile sans toutefois parvenir à l’apprivoiser complètement et qui la surnomme affectueusement « biscuit » (comme les biscuits Graham, célèbres au Québec). Il y a aussi Gagnon, le légiste secrètement amoureux de Maud ou encore son collègue Rouaix qui soutient Graham dans son enquête. Chrystine Brouillet n’hésite pas traiter de sujets malheureusement encore d’actualité en 2019 comme les fugues adolescentes, la drogue ou la prostitution, en l’occurrence la prostitution masculine. Le seul point qui m’a dérangé dans le collectionneur est le fait que le récit va parfois un peu vite. Je pense notamment aux liens qui sont faits très rapidement entre toutes les affaires similaires mais aussi à la fin du roman avec une confrontation finale qui aurait pu durer davantage. Donc voilà, j’ai pris du plaisir à lire ce roman mais j’en aurais voulu plus ! Une bonne raison de lire un autre roman policier de Chrystine Brouillet ? Sans doute, d’autant que Maud Graham est un personnage récurrent que j’aurai plaisir à retrouver.

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Avant la chute, Noah Hawley

Un livre repéré quelques semaines après sa sortie et au résumé prometteur : un jet privé s’écrase au large de New-York. Deux personnes survivent. S’agit-il d’un accident ou d’un attentat ? En effet certains des passagers étaient des personnalités en vue…

Avant la chute - Noah Hawley

L’intrigue est somme toute assez simple et promet une belle enquête. Je n’ai pas été déçu par ma lecture d’Avant la chute. En effet, Noah Hawley sait jouer le suspense dans son écriture. Il suit un des survivants dans les jours qui suivent le crash de l’avion. Il s’agit de Scott Burroughs, un artiste peintre qui essaie de se relancer après plusieurs années de vaches maigres en peignant des tableaux représentants des catastrophes et des accidents. Coïncidence ?

Noah Hawley revient sur le parcours de chacun des passagers, y compris le personnel de la compagnie aérienne mais aussi sur la personne chargée de l’enquête. Outre les trajectoires individuelles qui sont décrites, Avant la chute est aussi une chronique de certains maux de l’Amérique contemporaine. En particulier l’essor des chaînes d’information continue avec un penchant assumé à droite (coucou Fox News). Dans le roman, la chaîne s’appelle ALC et son présentateur vedette fait tout pour exploiter la catastrophe en allant de polémique en polémique afin de réaliser des audiences. Il va jusqu’à s’immiscer dans la vie personnel des survivants et des personnes décédées dans l’accident.

Allez un petit bémol tout de même. L’explication du crash de l’avion m’a un peu laissé sur ma faim car un poil triviale. Mais pas de quoi vous gâcher le plaisir de la lecture.

Vendetta, R.J. Ellory

Fait inhabituel, je ne sais pas pourquoi Vendetta de R.J. Ellory s’est retrouvé dans ma liseuse. Je laisse rarement les lectures au hasard. Pas sûr que je serais allé vers cet auteur dont j’avais toutefois croisé le nom mais sans chercher plus loin.

Une jeune femme est enlevée à la Nouvelle-Orléans. Après plusieurs jours, un homme se livre à la police. Son nom est Ernesto Perez. Il est disposé à révéler où elle se trouve à condition qu’il puisse raconter l’histoire de sa vie à Ray Hartmann, un fonctionnaire qui lutte contre le crime organisé. Convoqué par le FBI en Louisiane, celui-ci écoute Ernesto Perez balayer plusieurs décennies de crimes réalisés pour le compte de la mafia entre La Havane, New-York, Los Angeles et Chicago tout en espérant que la jeune femme puisse être sauvée.

Bien m’en a pris de me laisser tenter par cette lecture. J’ai adoré Vendetta. C’est un roman très cinématographique. Le parallèle est évident avec Usual Suspects avec un homme qui se livre aux autorités et commence à raconter l’histoire de sa vie. Même si dans le cas présent, la vie de Perez est conforme à ce qu’il raconte, le twist final m’évoque inévitablement Usual Suspects, même si la révélation finale est relativement prévisible. Une lecture qui plaira aux amateurs de cinéma, de mafia et de polars. Ceux qui aiment frissonner à la lecture de crimes particulièrement tortueux seront servis. R.J. Ellory en profite pour expliquer (fictivement) trois des meurtres les plus célèbres de l’histoire moderne des Etats-Unis : celui du syndicaliste aux relations interlopes Jimmy Hoffa, celui de JFK et celui de son frère Robert. Le suspense est tel que je me suis surpris à avaler les 400 pages du roman sans problème. La Nouvelle-Orléans et la Louisiane fournissent un décor moite et sombre qui est idéal pour un roman de cette trempe.

Dans la série des lectures qui se télescopent, j’ai lu Vendetta juste après Shibumi, un autre roman qui décrit la vie d’un tueur à gages.

Vendetta a remporté le prix des libraires du Québec en 2010.

Dans l’île, Thomas Rydahl

Un roman danois qui se passe dans les îles Canaries, ça mérite qu’on s’y arrête, non ?

Dans l'île Thomas RydahlErhard Jorgenson est un chauffeur de taxi septuagénaire. Il abandonné sa femme et ses enfants au Danemark près de 20 ans auparavant. Il est surnommé l’Ermite car il vit dans une petite maison au milieu de la campagne. Outre ses courses en taxi, il s’intéresse peu à ses contemporains. Il fréquente juste son ami Raul, un jeune homme qui dirige la compagnie de taxi concurrente de la sienne et sa superbe compagne Beatriz. Un soir où tous les trois sont de sortie, une voiture abandonnée est découverte sur une plage. A son bord, un carton qui contient le corps d’un bébé mort de faim. Choqué par cet événement, Erhard décide d’enquêter à la place d’une police qui a d’autres chats à fouetter. Il se met à la recherche de la mère de cet enfant.

Dans l’île est un roman policier avec beaucoup de suspense. L’ambiance est rapidement étouffante au fur et à mesure où les pièces du puzzle se mettent en place. Dans ce roman émerge la figure du personnage principal. Erhard est en effet un personnage entêté. Mais contrairement à la majorité des gens qui l’entourent, il est plein de doutes. Associé à sa bonté d’âme, ce trait de caractère en fait une personne attachante. Mais attention, il n’en est pas moins un peu barré. En témoigne ce passage du roman où il récupère le doigt sectionné d’un accident de la route pour remplacer un des siens qui a été sectionné.

Je suis véritablement resté scotché au récit de Thomas Rydahl. Un vrai coup de force pour son premier roman ! Tout n’est pas parfait évidemment comme par exemple les personnages secondaires qui ne sont pas longtemps décrits et simplement rappelés par leurs prénoms. Un peu déstabilisant quand on est plongé dans le récit. Je retiens aussi de cette lecture la découverte des îles Canaries, un endroit que je ne connaissais pas. Étonnant pour un roman écrit par un Danois !

Lune sanglante, James Ellroy

Ce livre m’a été offert par un collègue via un échange de cadeaux de Noël au bureau. Qu’il en soit remercié ! D’abord parce que j’avais James Ellroy sur ma liste des auteurs à découvrir et en plus parce que Lune sanglante est un très bon roman.

Lune sanglante James Ellroy

Lloyd Hopkins est un sergent au sein du LAPD, la police de Los Angeles. Il enquête sur le meurtre particulièrement violent d’une jeune femme. Suivant son intuition, Hopkins pense avoir découvert un tueur en série en activité depuis au moins 15 ans. Il se met sur sa piste contre l’avis de son supérieur hiérarchique.

Lune sanglante est un roman noir. Ce polar est déroulé de manière particulière. En effet la partie enquête à proprement parler du roman arrive tardivement dans le récit. Au départ, Lune sanglante prend des allures de chroniques du Los Angeles du début des années 80. On suit des personnages sans vraiment savoir au départ qui ils sont. Et contrairement à ce qu’on peut lire dans un polar de facture classique, le gentil policier qui enquête n’est pas tout blanc. En effet, il connaît son lot de troubles et il a une part d’ombre importante. Il a de nombreuses aventures extra-conjugales et il possède un sens de la justice particulier.

La lecture de Lune sanglante est haletante, je suis resté accroché sérieusement lors de ma lecture. Il faut avoir le cœur bien accroché dès le début tant le roman est violent et riches en tensions. Le récit alterne régulièrement le point de vue de l’enquêteur et celui du tueur, donnant ainsi l’envie de poursuivre la lecture. J’ai toutefois trouvé le final un peu décevant avec une confrontation un peu trop rapide entre le tueur et le policier. Qui plus est, la situation finale n’est pas véritablement claire. Le roman reste très bon et il me tarde de lire d’autres romans de James Ellroy, d’autant que Lloyd Hopkins est le héros de deux autres romans de cet auteur américain.

Apocalypse bébé, Virginie Despentes

Il s’agit pour moi d’un premier contact avec Virginie Despentes via Apocalypse bébé, un roman paru en 2010. Il a obtenu le prix Renaudot la même année.

Apocalypse bébé - Virginie Despentes

Valentine est une adolescente qui vient de disparaître. Lucie, une détective privée pas très dégourdie, mène l’enquête. Alors qu’elle a bien du mal à débuter ses investigations, elle fait appel à la Hyène, une lesbienne bien connue dans le milieu des privés. Rompue aux méthodes peu orthodoxes, elle remet Lucie sur les bons rails. Leur enquête les conduira de Paris à Barcelone.

Apocalypse Bébé est construit d’une manière originale qui donne du rythme au roman. Les chapitres à la première personne du point de vue de Lucie alternent avec d’autres chapitres offrant le point de vue des autres personnages du roman. Ce polar lesbien tire dans tous les sens : le Paris bourgeois, le monde de l’édition, la famille traditionnelle… L’histoire elle-même n’est que le prétexte à une critique de notre société. L’enquête est plutôt rapidement menée et comporte quelques rebondissements jusqu’à montrer l’histoire familiale compliquée de Valentine. L’ensemble se lit bien.

J’avais une image trash de l’écriture de Virginie Despentes, la faute à quelques articles lus ici et là. Mais si je me limite à Apocalypse bébé, point de trash. Il y a bien quelques provocations comme la description de scènes de sexe, y compris entre lesbiennes, un mode de vie alternatif à Barcelone, de la violence mais il n’y a vraiment pas de quoi choquer le lecteur lambda. Quant à la question de savoir si le prix Renaudot est mérité, je veux bien croire que le cru 2010 des romans français était pauvre.

La princesse des glaces, Camilla Läckberg

Ce roman suédois est sorti dans la foulée de la saga Millenium (voir ce que je disais à l’époque sur le tome 1, le tome 2 et le tome 3). Une manière de surfer sur la mode des polars scandinaves. Mais Camilla Läckberg n’est pas Stieg Larsson.

LA PRINCESSE DES GLACES - Camilla Lackberg

Le corps d’une femme est découvert une semaine après sa mort dans sa baignoire gelée, les poignets tranchés. Suicide ? Pas pour Erica, l’amie d’enfance de la victime. Erica est revenue dans la ville de son enfance suite au décès de ses parents. Elle décide d’enquêter, persuadée que son amie a été assassinée.

La princesse des glaces n’a que l’apparence du polar. Au fur et à mesure de ma lecture j’ai vu le récit glisser vers la chick lit. On est loin de Miss Marple, elle aussi écrivain et enquêtrice de talent. Mais là où Agatha Christie fait de son personnage une redoutable détective, Camilla Läckberg digresse sur la prise de poids de son personnage principal et sur ses doutes amoureux. Pire encore, ce n’est pas Erica qui découvre la vérité sur le meurtre de son ami, c’est Patrick, le policier qui devient son amoureux et dont on n’entend pas parler avant la moitié du roman qui vient boucler l’affaire tandis qu’Erica est reléguée au rôle d’amoureuse transie. C’est un glissement qui me paraît complètement rétrograde.

J’ai trouvé deux autres défauts majeurs à la princesse des glaces. Le premier d’entre eux est le changement constant de point de vue. Camilla Läckberg rebondit sans cesse d’un personnage à l’autre, en plein milieu d’un chapitre. Elle en ajoute de nouveaux en cours de route qu’elle décrit longuement sans qu’ils apportent quoi que ce soit au récit (par exemple les 3 collègues de Patrick). Sur la forme c’est loin d’être fluide. Par ailleurs, je n’aime pas les romans policiers où on apprend qu’un élément important dans l’enquête a été découvert par l’un des personnages sans que l’on sache de quoi il s’agit. Je préfère les enquêtes où on avance en même temps que le détective ou le policier et où on essaie de construire sa propre réponse. Ce qui n’est pas possible quand on nous tait les découvertes.

Vous aurez donc compris que j’ai été déçu par la princesse des glaces. C’est un roman policier tout juste honnête. Il y a toujours d’habitude dans les polars un moment où je suis tellement accro au récit que je suis complètement absorbé jusqu’à la fin de ma lecture. Dans le cas présent, je l’ai presque lu en dilettante, à la limite de l’indifférence.

Les Morues, Titiou Lecocq

Titiou Lecoq est une journaliste et une blogueuse. Les Morues est son premier roman.

les morues Titiou Lecocq

Le roman compte deux personnages principaux. Ema est une jeune journaliste parisienne qui s’ennuie dans la rubrique culture d’un quotidien. Fred, un ami de lycée d’Ema, est un surdoué un tantinet asocial qui gâche son talent de polytechnicien dans un poste de secrétaire. L’élément qui déclenche le roman est le suicide de Charlotte, l’ancienne meilleure amie d’Ema. Cette dernière, persuadée que son amie n’a pas pu commettre ce geste, décide d’enquêter, assistée en cela par Fred. Mais qui sont les morues ? Il s’agit d’un groupe de trois jeunes femmes : Ema, Gabrielle, la réincarnation moderne de Gabrielle d’Estrée, la favorite d’Henri IV, et Alice, barmaid. Toutes les trois se retrouvent régulièrement et établissent la charte des morues, des règles de conduite du féminisme moderne.

J’ai trouvé que les morues était un roman intelligent car il propose au lecteur plusieurs niveaux de réflexion : enquête, questions de génération et questions politiques. Et c’est en même temps le principal reproche qu’on peut faire au roman : ça part un peu dans tous les sens, comme si l’auteure avait essayé de faire tenir plusieurs livres en un. Il y a d’abord cette enquête sur la mort de Charlotte, ce suicide incompris par Ema qui veut en chercher la cause. C’est aussi un roman dans lequel je reconnais beaucoup de questions propres à ma génération, et pas juste à cause de la référence d’entrée à Kurt Cobain. Il y a un questionnement sur la place du travail dans la vie : on est d’accord pour dire que ce n’est pas central mais que c’est difficile quand on n’en a pas. Est aussi traitée la vie de couple, ou plutôt la notion même de couple. Et cela est illustré par la relation d’Ema avec Blester. Au départ simple relation sexuelle pour satisfaire des besoins, la relation évolue mais pas facile de la ranger dans une catégorie toute faite. Corollaire du couple et autre thème fort du roman, le féminisme décrit dans la charte des morues n’est pas un féminisme militant mais un féminisme qui pose les bonnes questions. Ainsi cet épisode où Ema se voit préparer un rôti au four pour son copain alors que personne ne l’a obligée. Les mécanismes qui sont profondément ancrés chez les hommes comme chez les femmes sont décryptés. Enfin les morues est un roman qui sous couvert de fiction amène un questionnements sur les effets pervers des politiques libérales sous la forme de la RGPP (Révision Générale des Politiques Publiques). Bien qu’étant un thème peu glamour pour un roman, il est présenté sous un jour intéressant dans le cadre de l’enquête menée par les deux personnages principaux. Il est question de décentralisation et d’enlever des moyens aux services publics pour utiliser les conséquences de ce manque de ressources comme un argument pour souligner l’efficacité du secteur privé. Or cela occasionne des conflits d’intérêts entre des entités privées qui conseillent les pouvoirs publics et qui ont par ailleurs une activité d’outsourcing qui les voit profiter des mannes de l’externalisation de certaines missions publiques. Rappelons qu’il s’agit là de fiction ne serait-ce que parce que MySpace y est décrit comme un média social populaire.

Les morues est écrit dans un style fluide pour parler de politique comme de sexe. Bravo Titiou Lecoq. Ça traite de sujets sérieux sans se prendre au sérieux. J’aime beaucoup.

La vérité sur l’affaire Harry Quebert, Joël Dicker

Ma première lecture de 2013 aura été très enthousiasmante. Avec la vérité sur l’affaire Harry Quebert, Joël Dicker propose un polar qui ne se lâche pas.

La vérité sur l'affaire Harry Quebert, Joël Dicker

Marcus Goldman est un écrivain dont le premier roman a été très bien accueilli par la critique et le public. Après avoir apprécié sa notoriété soudaine, il est angoissé car il ne parvient pas à écrire son deuxième roman réclamé avec insistance par son éditeur. Il se tourne alors vers Harry Quebert, son ancien professeur à l’université et mentor littéraire. Alors que Marcus Goldman le rejoint dans le New-Hampshire, Harry Quebert est arrêté pour le meurtre de Nola Kellergan qui a eu lieu plus de trente ans plus tôt. Le corps de la jeune fille vient d’être découvert enterré dans le jardin d’Harry Quebert. Marcus Goldman entreprend alors une enquête pour disculper son ami.

Un écrivain qui enquête dans une petite ville de Nouvelle-Angleterre, ça ne vous rappelle pas quelque chose ? Moi ça me fait penser à la série Arabesque (Murder she wrote en version originale) mais en beaucoup plus moderne. Marcus Goldman est en effet un jeune trentenaire célibataire qui profite des attraits de la célébrité à New-York. Et surtout le récit fait plus télé-réalité que série télé. Le lecteur est un témoin de choix des aventures de Marcus Goldman qui explique chacun des tours et détours de son enquête.

La force de la vérité sur l’affaire Harry Quebert réside dans deux éléments principaux. Le premier d’entre eux est le suspense. Joël Dicker maîtrise les rebondissements et les révélations qui retiennent l’attention du lecteur. Et le roman en est truffé jusqu’à la toute fin. Pas moyen de s’ennuyer à la lecture de ce livre. L’autre facteur clé de succès du roman est sa construction habile. Véritable récit à tiroir, la vérité sur l’affaire Harry Quebert est le récit de l’enquête menée par Marcus Goldman qui l’a conduit à écrire son deuxième livre intitulé l’affaire Harry Quebert. Les flash-backs sont nombreux pour déterminer le fil des événements de ce fameux été 1975 où Nola Kellergan a disparu mais aussi pour retracer sa relation avec Harry Quebert depuis leur rencontre à l’université. Marcus Goldman rassemble les témoignages des habitants de la ville d’Aurora. Il est assisté par Galahood, le policier chargé de réouvrir le dossier suite à la découverte du corps. Le récit inclut aussi des extraits du best-seller qui a rendu célèbre Harry Quebert, les origines du mal. Le tout est mêlé avec les échanges de Marcus Goldman avec son agent littéraire et son éditeur car il n’est pas de tout repos d’écrire ce livre. Les récits se suivent en parallèle mais bien que dense, le propos est toujours clair.

Les 650 pages de ce roman ont été avalées très vite entre amitié, amour, écriture de roman et enquête policière. A lire ! Plaisir garanti !

Zulu, Caryl Férey

Quand Zulu est sorti il y a quelques années, j’ai eu envie de le lire en raison des nombreux commentaires positifs lus sur les blogues littéraires.

Ali Neuman est chef de la section criminelle de la police du Cap en Afrique du Sud. Il est zoulou. Même au sein de la nation arc-en-ciel, il n’est toujours pas facile pour un noir d’occuper de tels fonctions, aussi compétent soit il. Ali Neuman et son équipe enquêtent sur l’assassinat sauvage d’une jeune fille issue d’une bonne famille afrikaner. Ce meurtre est lié à de nombreux enjeux criminels. Je n’en dis pas plus. Le principe du roman policier étant d’avancer dans l’enquête en même temps que les personnages, je ne veux pas gâcher votre plaisir de lecteur.

Ce roman policier n’est pas pour les sensibles. Il est souvent noir et parfois très violent. Certaines scènes sont insupportables et très difficiles à lire, en tout cas pour un lecteur comme moi qui plonge dans les romans et vit les péripéties des personnages. A réserver aux lecteurs ayant le cœur bien accroché.

Le fait que je me sois senti impliqué dans ce roman est attribuable en grande partie au talent d’écrivain de Caryl Ferey. Suspense, personnages crédibles et pas trop caricaturaux, tous les ingrédients sont présents et l’intrigue est bien construite. J’ai tout de même trouvé que les différentes ramifications de l’enquête étaient parfois trop complexes. Sans être tirée par les cheveux, l’intrigue prend des tournants inattendus.

Une autre raison qui m’a conduit à lire Zulu est que l’action se passe en Afrique du Sud, un pays pour lequel j’ai un certain intérêt. Caryl Férey a bien bossé son sujet. Il connaît bien ce qui fait l’Afrique du Sud : son histoire politique, les multiples composantes de sa population, les relations sociales encore tendues entre les communautés et sans oublier le rugby ! Avec Zulu, le suspense et le dépaysement sont garantis.