Charlotte before Christ, Alexandre Soublière

Alexandre Soublière est la recrue du mois de juillet avec son premier roman Charlotte before Christ.

Dans ces 150 pages d’instantanés du quotidien, Alexandre Soublière rend compte de la vie de Montréalais oisifs. Le narrateur s’appelle Sacha. C’est un jeune homme épris de Charlotte, sa copine qu’il adore. Nihiliste, fils à Papa et étudiant à ses heures perdues, Sacha choisit de vivre à fond, sans doute pour contrer les effets de son arthrite chronique qui lui occasionne de nombreuses douleurs.

Parmi les points forts de ce roman, je retiens d’abord le côté percutant du récit qui tient surtout aux personnages. Drogués, violents et sans remords, Sacha et Charlotte possèdent un je-ne-sais-quoi de Bonny & Clyde dans le genre couple passionné et déchaîné. Jeunes et immatures, ces ados attardés et zappeurs alternent les soirées d’abus et les questionnements pseudos existentiels. Ils n’ont comme références que des éléments de la culture pop : marques, séries TV, musique etc. C’est le règne du name dropping, du superficiel et de l’instantané. Le titre du roman aurait tout aussi bien pu être drogue, porno et réseaux sociaux.

Le mélange entre français et anglais dans le récit (et dans le titre) ne m’a pas dérangé plus que ça. Cet aspect du roman pourra déranger les tenants d’une certaine orthodoxie en matière de langue française. Mais l’effet recherché est de rendre compte du langage parlé par ces jeunes urbains de Montréal. L’utilisation de termes anglais à outrance vient souligner le manque de profondeur et d’ancrage de ces jeunes dans une culture propre, à savoir une culture de québécois francophones.

Avec Charlotte before Christ, Alexandre Soublière signe une critique de la génération Y et des adulescents creux qui la composent. On peut discuter de la définition de la génération Y car pour moi l’époque britpop de Blur et Oasis citée dans Charlotte before Christ m’évoque plutôt la génération X. Mais je suis moi-même à cheval entre les deux générations.

Si la lecture de Charlotte before Christ m’a parue intéressante sur le moment par son ton provocateur et ses personnages entiers, chroniquer le vide comme a choisi de le faire Alexandre Soublière est risqué. J’avais déjà eu une expérience du même ordre avec Bret Easton Ellis. Je dois avouer qu’une fois le livre refermé, il ne m’en est malheureusement pas resté grand-chose car le côté superficiel l’a emporté sur le reste.