Le joueur, Fedor Dostoïevski

J’ai bien aimé lire les Frères Karamazov mais je ne me voyais pas me lancer dans une autre grosse brique signée Dostoïevski (et oui parce que j’ai parfois la flemme de lire des longs romans). Le compromis aura été de lire Le joueur, un roman de taille raisonnable. N’ayez pas peur en voyant la couverture du livre ci-dessous, c’est une capture d’écran de l’édition électronique que j’ai lue avec ma liseuse.

Le narrateur, Alexis Ivanovitch, est employé comme précepteur par une famille russe. Il est au service d’un général qui attend le décès de la babouschka pour toucher un héritage conséquent. La famille du général se trouve dans une ville thermale allemande nommée Roulettenbourg. C’est une ville fictive qui compte un casino et en particulier des tables de roulette. Ce lieu s’avérera central dans le roman. Le général est le jouet d’une Française nommée Blanche de Comminges qui ne semble être avec lui que pour l’argent qu’il devrait toucher. Le général s’est d’ailleurs lui-même endetté auprès d’un autre Français, De Grillet, qui est de mèche avec Blanche pour délester le général russe de sa fortune potentielle. Le narrateur est lui-même amoureux de Paulina, la belle-fille du général. Cet amour n’est pas réciproque mais Pauline le provoque et s’amuse avec lui sachant qu’il s’exécutera par amour pour elle. Elle lui demande notamment de jouer pour elle à la roulette. Le narrateur conseillera ensuite la babouschka qui est novice en matière de roulette. Alors qu’il demeurait raisonnable quasnd il s’agissait de jouer avec l’argent des autres, il se perdra dans les affres du jeu lorsqu’il joue avec son argent, gagnant des sommes énormes pour les reperdre aussitôt.

Même s’il ne possède pas la profondeur des frères Karamazov (le joueur a été écrit en 3 semaines à peine pour répondre à une demande de l’éditeur de Dostoïevski), ce roman est intéressant à plusieurs points de vue.  Comme l’indique le titre, le jeu est au coeur de l’intrigue. Le narrateur tombe dans le piège fatal de la roulette : il se perd dans le jeu et dans spirale descendante : il mise gros, gagne gros, perd, essaie de se refaire et ne sait plus s’arrêter malgré des gains conséquents. C’est pour lui une dépendance, il devient un joueur compulsif : le jeu est sa priorité et il vit pour jouer.

Le Joueur dresse aussi le portrait de différents individus au sein de la noblesse européenne. Tous les personnage ont une moralité douteuse, ce qui ne les empêche pas de donner des conseils au narrateur alors qu’ils le voient s’enfoncer dans le jeu, voire de profiter de sa fortune éphémère. Cette assemblée est d’ailleurs une sorte d’Europe miniature où les caractères de chacun sont tirés de stéréotypes nationaux. Ainsi Dostoïevski vante l’âme russe par opposition aux caractères des Français et des Anglais qui ne trouvent pas grâce à ses yeux.

Je retiens donc de ma lecture un roman intéressant qui mérite d’être lu mais je n’en fais pas un incontournable.

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Mon expérience de livre électronique avec le Sony PRS-505

J’ai reçu en cadeau pour mon dernier anniversaire un lecteur de livres électroniques, le Sony PRS-505. Notez bien que je vais vous parler de livre électronique plutôt que de ebook. Je suis assez fatigué des anglicismes ces temps-ci. Ou plutôt je vais tenter de lancer le néologisme livrel calqué sur le mot courriel.

sony-PRS-505

Je viens donc de lire Armance de Stendhal. Un des gros avantages des livrels (je vais l’imposer ce mot) est d’avoir accès gratuitement à la version électronique des livres qui sont désormais libres de droits. C’est-à-dire les vieux livres. Et ça tombe bien parce que j’aime bien lire de vieux livres.

Ce lecteur de livre électronique est d’abord un bel objet agréable à manipuler avec sa pochette en cuir et son style métal brossé. Il fait grosso modo la taille d’un livre de poche et est léger. Il se lit très bien qu’on soit assis, debout ou allongé (j’ai testé tout ça pour vous).
La lecture à l’écran est très confortable. Rien à voir avec ce que vous pouvez expérimenter avec une lecture à l’écran de votre ordinateur. Ce n’est pas usant même après de longues minutes de lecture. La surface de l’écran est mate. Il peut y avoir certains reflets gênants dépendamment d’où provient la source de lumière dans la pièce où vous lisez mais rien de majeur.
Le seul inconvénient notable est la nécessité de s’habituer à la transition entre les pages. La page se charge en négatif, ce qui n’est pas vraiment agréable pour les yeux (voir la vidéo ci-dessous). D’autant qu’on tourne souvent les pages car le texte affiché sur une seule page n’est pas très long. Mais on s’y fait et le chargement des pages n’est plus un problème maintenant.

Le menu de navigation est très pratique. Il est possible de marquer plusieurs pages pour y revenir plus tard. Le hic c’est que le menu est en anglais. Rien d’insurmontable mais j’aurais aimé pouvoir naviguer en français. Mais c’est peut-être moi qui n’ai pas su le configurer. Sinon un peu plus de souplesse dans les touches serait la bienvenue.

La quantité de livres qu’on peut stocker est impressionnante. Le lecteur a une capacité interne de 192 Mo et les livres que j’ai téléchargés occupent grosso modo entre 300 et 400 Ko. On peut donc déjà stocker une grande quantité de livres. Il est aussi possible d’insérer une carte mémoire dans le lecteur si vous vous trouvez limités avec la mémoire interne.
À noter qu’il est possible de stocker des photos et de la musique sur le PRS-505. Mais je ne suis pas utilisateur de ces fonctions.

En résumé, la lecture est confortable et on peut stocker vraiment beaucoup de livres. Bref, je suis convaincu par ce que propose Sony avec ce lecteur. Je n’en dirai malheureusement pas autant de la boutique Sony ebook store qui ne contient que deux livres en français. Oui vous avez bien lu : 2 livres en français. C’est tout bonnement ridicule.

Ils parlent aussi de leur expérience avec le Sony PRS-505 :
http://5emedecouverture.wordpress.com/2009/01/05/mon-e-book/
http://forum.tt-hardware.com/topic-94889–Sony-PRS-505.htm
http://www.ebouquin.fr/2009/04/15/test-le-sony-reader-prs-505-ideal-pour-les-romans/
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1338
http://www.tierslivre.net/spip/spip.php?article1396

Talk to the snail, Stephen Clarke

Stephen Clarke est un Anglais qui vit en France. Avec Talk to the snail, il explique à ses lecteurs anglo-saxons comment se passe la vie en France. Il décrypte pour eux les habitudes et les comportements des Français, ces gens si particuliers. Stephen Clark avait déjà écrit un livre, un roman, mettant en scène un anglais fraîchement débarqué en France pour le travail. C’est donc un exercice habituel pour lui.

Il passe en revue plusieurs points qui sont mystérieux pour les Anglais et les Américains à commencer par le fait que les Français sont perçus comme des gens voulant avoir raison à tout prix. Il traite également d’habitudes qui font notre réputation dans le monde. Le goût pour la bonne nourriture est bien évidemment souligné, ainsi que la propension des Français à abuser de tonnes de médicaments prescrits par un système de santé hyper généreux. Bien sûr les habitudes de travail sont analysées : du nombre important de jours fériés et de semaines de congés payés de même à la réunionite aigue.
L’auteur aborde aussi la culture, un domaine dans lequel la France se voit comme une exception alors qu’elle produit des films et des disques qui bien souvent n’auraient pas dû voir le jour, n’eût été des quotas de contenus français à la radio et d’un secteur cinématographique subventionné.
D’autres points sont difficiles à gérer pour les étrangers qui arrivent en France, comme le fait de tutoyer ou vouvoyer quelqu’un ou de savoir à qui faire la bise et à qui ne pas la faire. L’auteur cite à ce sujet quelques quiproquos savoureux.
Chaque chapitre aborde donc un aspect de la vie en France et se termine avec un lexique qui permettra aux lecteurs d’être servis dans un restaurant et de ne pas se laisser passer devant dans la queue à La Poste.
En résumé, la société française comporte de nombreux codes intégrés par les Français mais difficiles à comprendre et à acquérir pour ceux qui sont issus d’une autre culture.


J’ai eu du mal à lire Talk to the snail. En fait, j’ai même coupé la lecture en deux et intercalé une autre lecture avant de le finir. Le problème vient du fait que l’accumulation des travers des Français est à la longue un peu pénible quand on est Français. Le ton du livre n’est pas haineux, au contraire. L’auteur voit très juste, il connaît très bien la vie en France -il dispose d’ailleurs d’un recul que nous n’avons pas étant Français- et ses anecdotes sont amusantes mais j’ai trouvé le tout un brin répétitif.

Ma note : 3/5.