Mylène Fortin publie un premier roman de type initiatique intitulé Philippe H. ou la malencontre.
Voilà un roman qui m’a bousculé dans mes habitudes de lecture! Hélène Marin est une jeune femme de 30 ans qui vit à Montréal. Le roman commence dans la précipitation, alors qu’Hélène tombe sous le charme d’un certain Philippe H. avec qui elle vient de partager un taxi. Tout se bouscule : elle fête ses 30 ans chez ses parents et sa sœur s’invite à l’improviste chez elle.
Résumé comme ça, ce premier roman peut donner l’impression de tomber dans le propos léger et niais, mais il n’en est rien. Philippe H. ou la malencontre s’avère en effet être le récit d’un parcours initiatique. Hélène, sa sœur et le dénommé Philippe quittent Montréal et partent en voiture pour la Gaspésie. Hélène essaie de résister tant bien que mal à l’attirance qu’elle éprouve, comme si les phéromones dégagées par ce mâle la laissaient impuissante. Lors de ce voyage, elle est partagée entre son attirance et ses angoisses. Le récit mêle les rêves, l’imaginaire et la réalité, ainsi que quelques hallucinations dont le paroxysme sera atteint dans un sweat lodge. Le final du roman verra Hélène revenir sur un traumatisme de jeunesse peu ou pas exprimé, ce qui lui permettra de retrouver une certaine paix et un discernement salvateur.
Le texte de Mylène Fortin est particulièrement intense et rend bien compte des différentes couches de personnalités qui s’affrontent chez son personnage principal. Il faut s’accrocher comme lecteur pour suivre les dédales de l’esprit d’Hélène, ce qui donne une lecture rafraîchissante et un brin perturbante. Je n’ai toutefois pas pu m’empêcher de trouver un peu caricaturale l’opposition entre la ville, Montréal, qui ne permet pas au personnage d’être elle-même, et les valeurs familiales en région qui permettent de débarrasser Hélène de ses bagages et de ses oripeaux.
J’ai lu ce roman dans le cadre du repêchage de la Recrue du Mois.