L’amour dure trois ans, Frédéric Beigbeder

Je reviens régulièrement vers Frédéric Beigbeder. Cette fois-ci, c’est au tour de son roman L’amour dure trois ans.

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Marc Marronnier, narrateur et alter ego de l’auteur, vient de divorcer d’Anne après 3 ans de mariage. Prompt à généraliser, il décrète que l’amour ne peut que durer que 3 ans. Mais son véritable malheur ne vient pas du fait qu’il divorce mais bien qu’il tombe amoureux d’Alice, une femme mariée avec qui il vit une aventure, et que cet amour n’est pas réciproque.

Nous avons donc affaire à un narrateur rapide sur les généralisations, sur l’auto apitoiement et qui dégaine théorie sur théorie pour tenter d’expliquer son malheur. Je trouve que c’est une attitude très française : on fait dans la provocation comme entrée en matière puis le propos se fait ensuite plus nuancé. Et on arrive en effet assez rapidement dans la nuance : plus que la fin de son mariage qu’il admet avoir conclu hâtivement sous la pression sociale, c’est cet amour non partagé qui plonge le narrateur dans une profonde déprime.

Beigbeder affirme par la voix de son narrateur être un cynique romantique, deux termes a priori antinomiques. Mais c’est exactement ce qui ressort du récit. Le narrateur est cynique : il est capable de décrire une biture qui se termine par une diarrhée spectaculaire ou de se taper une inconnue  juste parce qu’il en a l’occasion en l’absence de celle qu’il aime. Mais c’est aussi un indécrottable romantique auteur de lettres passionnées pour celle qui l’obsède ou capable de passer tous les soirs devant chez elle.

Frédéric Beigbeder est maître dans l’alliance du cru et de l’esprit. C’est un trait très humain, plein de contradictions. Si on met de côté l’aspect provocation qui est une de ses habitudes, le tout est agréable à lire justement à cause de ces contradictions. Ça peut donner l’impression d’un roman touffu qui part un peu dans tous les sens mais au bout de la lecture tout se place bien. Le narrateur nous annonce que le happy end n’est pas possible (souvenez-vous de sa théorie : l’amour ne dure que 3 ans) mais même s’il laisse planer le mystère, il achève de nous convaincre qu’il est avant tout un romantique.

 

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9 réflexions au sujet de « L’amour dure trois ans, Frédéric Beigbeder »

  1. Ce livre est sur mes étagères depuis pfff…trop longtemps. Je redoutais de le lire j’avoue car j’avais peur qu’il me plombe le moral avant d’arriver aux 3 ans avec mon chéri. Maintenant que c’est passé (les 3 ans, pas la relation), il faudrait que je songe sérieusement à le lire. 😉

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    1. La peur de l’échéance… 🙂 Pas de quoi plomber le moral car cette idée de la date d’expiration des 3 ans n’est pas sérieuse mais il soulève des choses intéressantes dans les relations, surtout dans le cas des gens qui sont ensemble pour de mauvaises raisons.

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      1. Je te tiendrais au courant quand je l’aurais lu car je ne doute pas que ce livre fait réfléchir 😉

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  2. J’ai beaucoup aimé ce bouquin et j’apprécie le style et les idées de Beigbeder en général, ce fut donc une belle découverte! Sinon, je te conseillerais « Windows of the world » du même auteur qui est très différent et parle des attentats du 11 septembre.

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  3. Ah ! ce Beigbeder ! Il est insupportable. Donc je l’aime d’amour ! Je n’aime pas toujours ce qu’il dit, mais j’aime toujours comment il le dit. L’amour dure 3 ans est le premier livre que j’ai lu. J’en étais à la moitié et je suis allée à la librairie pour acheter 4 autres livres de lui la journée même !

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