Alexandre Mc Cabe est la Recrue du mois avec son premier roman intitulé Chez la reine.
Le point de départ du récit est le décès imminent du grand-père du narrateur, un homme qu’on devine dans la jeune trentaine. C’est l’occasion pour le narrateur de revenir sur son enfance et ses jeunes années. Plus particulièrement, le narrateur s’attarde sur sa famille et sur ce que son grand-père lui a transmis au fil des années. En effet, ce grand-père a su identifier chez le narrateur une sensibilité pour la littérature et la politique et a cherché à développer chez lui une ouverture déjà bien présente. Et la Reine, c’est la tante mariée au Roi du Tapis. C’est chez elle que se déroulent la plupart des grandes réunions familiales.
Chez la reine est un roman aux accents de douce nostalgie. Vous me direz qu’il est curieux pour un trentenaire d’être nostalgique mais c’est une période de la vie où on se pose pas mal de questions sur la personne qu’on essaie d’être et où l’on revient sur ce qui nous a construit en tant que personne. Alexandre Mc Cabe propose avec ce roman une réflexion sur la filiation entre le narrateur et son grand-père, sur ce qu’il lui a apporté dans sa jeunesse pour faire l’adulte qu’il est aujourd’hui. Chez la reine, c’est aussi une amorce de réflexion sur le Québec : quel est l’héritage que la génération d’aujourd’hui a entre ses mains ? Que reste-t-il des combats politiques de leurs aînés ? Le constat est doux amer car l’engagement politique du Québec des années 70, 80 et 90 semble sans équivalent aujourd’hui.
Le roman d’Alexandre Mc Cabe est donc riche : par le souvenir de son enfance, le narrateur offre une perspective sociale et politique du Québec moderne. En dépit d’une fraîcheur certaine, il s’agit d’un roman écrit dans la retenue. Je n’ai rien à lui reprocher si ce n’est un manque d’aspérité. Le propos est gentil et je regrette que sur des sujets très intéressants comme une vision politique du Québec, la passion du narrateur resurgisse seulement en fin de récit quand il voyage en France sur les traces d’Albert Camus et qu’il explique son engagement souverainiste à des Français croisés sur sa route. Cela signifie-t-il que nul n’est prophète en son pays ? Que la passion politique ne peut pas être débattue en public au Québec ? Que la population du Québec moderne se désintéresse de la politique ? Et que reste-t-il de la figure du grand-père aujourd’hui ? Le débat est lancé.
fraîcheur
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