La courte année de Rivière-Longue est le premier roman d’Elise Lagacé. Je l’ai lu dans le cadre de la Recrue du Mois.
Rivière-Longue est un petit village du Québec. Le lecteur le découvre alors qu’Aline, jeune mère de famille, quitte le domicile familial pour s’échapper. Elle fuit Rivière-Longue et sa dynamique malsaine. Ce petit village est en effet peuplé de personnes renfermées sur elles-mêmes et méfiantes envers les « étranges », ceux qui viennent de l’extérieur. C’est le royaume des potins et des petites magouilles pour embêter le voisin ou profiter de lui. Quiconque sort du moule préétabli est rapidement ostracisé. Aline laisse derrière elle Marcelle, sa fille de 5 ans, qui va devoir vivre sans sa mère au milieu d’un village peuplé d’étranges personnages. Survient alors Roland. Il vient de l’extérieur du village et entreprend de retaper une vieille maison de Rivière-Longue.
Ce roman est écrit un peu à la manière d’un conte avec ses personnages aux traits grossis juste ce qu’il faut pour qu’on comprenne bien à qui on a affaire : le maire beau parleur, les deux vieilles commères, le fou un peu rêveur, le taciturne au grand cœur, la vieille originale… Un conte n’est jamais innocent, il cache des douleurs et des leçons. C’est le cas ici car sous des dehors simples, ce récit est riche en émotions avec de l’intimidation, de la violence psychologique, des injustices… Et c’est là la force d’un conte : dire simplement des choses compliquées. Le style choisi par Elise Lagacé fait qu’il émane de la courte année de Rivière-Longue une véritable voix littéraire. Ce roman se lit avec grand plaisir.
Enfin je trouve qu’il y a du Survenant dans l’histoire de cette petite communauté qui vit repliée sur elle-même, qui chasse ceux qui sont différents et qui ferme la porte aux étrangers. Roland, celui qui vient de l’extérieur, bouleverse tout par sa présence et sa non connaissance des mœurs particulières du village. Le départ d’Aline et l’arrivée de Roland sont des révélateurs de ce qui ne va pas à Rivière-Longue. Ce village est tellement tricoté serré qu’il n’y a pas de place pour ceux qui sont différents. Faut-il y voir une métaphore avec le Québec d’aujourd’hui, bien ancré dans ses certitudes et sa culture, alors que les immigrants et les Québécois qui s’expatrient sont nombreux ?
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