L’hostilité des chiens, Olivier Demers

Dans ce récit à la première personne, le narrateur s’appelle Jean-Baptiste Corriveau. C’est un homme solitaire, taciturne et misanthrope. Après avoir vu le portrait d’une adolescente disparue quelques mois plus tôt sur l’écran de la station McGill, il part à sa recherche. Il se met en quête de la jeune disparue en présentant sa photo dans la rue à tous les passants qu’il croise. Il en fait sa mission. Renvoyé de son emploi, il est obsédé par sa recherche et par la jeune fille disparue à qui il prête une personnalité et à qui il s’adresse par écrit.

C’est difficile d’avoir un avis sur la personnalité du narrateur. Sa quête est noble. Il poursuit des recherches alors que la police a manifestement abandonné l’espoir de retrouver la disparue. Il ne craint pas le regard des autres sur lui, même s’il a l’air complètement fou et qu’il est régulièrement rejeté par les gens qu’il croise. Mais il est difficile d’éprouver de la pitié pour lui car lui n’en a pas pour les autres. Il est violent dans ses paroles et dans ses actes. Les écrits qu’il laisse derrière lui laissent penser qu’il a peut-être commis un ou plusieurs crimes.

Olivier Demers signe avec L’hostilité des chiens un roman diablement efficace. Violent et sombre à souhait, il constitue une plongée dans les replis les plus sombres de l’âme humaine. Mais ce n’est pas que sombre, c’est aussi touchant d’humanité et de sensibilité. Le propos est dérangeant et suscite le malaise chez le lecteur car Olivier Demers passe rapidement de la bonté du narrateur à ses pensées les plus perverses. Au-delà de la trajectoire personnelle de Jean-Baptiste Corriveau, le roman d’Olivier Demers traite de la misère sociale et de la solitude. Pas juste celle du narrateur mais celle que tout le monde peut connaître. Vers qui se tourner quand on est sans famille, sans travail, sans vie sociale ? Lorsqu’il souhaite nouer le contact avec d’autres dans la rue, le premier réflexe de ses interlocuteurs est de refuser le dialogue. Ajoutez à ça quelques problèmes d’ordre mental et nous avons affaire à quelqu’un qui vit sous pression. La logique du narrateur est implacable. Cela fait presque peur de le comprendre et de suivre sa logique jusqu’au boutiste.

L’hostilité des chiens est le premier roman d’Olivier Demers. Je l’ai lu dans le cadre de la Recrue du Mois.

6 réflexions au sujet de « L’hostilité des chiens, Olivier Demers »

  1. Je suis en train de le lire. Je suis d’accord avec la critique de Phil. J’ajouterais que le personnage central a un discours et des attitudes pédophiles. Dans ses fantasmes, en tout cas. J’ai 100 pages de lues. J’ai hâte de voir où l’auteur m’amène !

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