Nikolski, Nicolas Dickner

C’est une invitation au voyage que nous propos Nicolas Dickner avec son premier roman Nikolski paru en 2005.

Dans un récit habilement construit, le lecteur fait connaissance avec trois personnages qui sans le savoir font partie de la même famille. Leur ancêtre commun est un voyageur au long cours. Comme lui, ils vont larguer les amarres pour rompre avec les habitudes familiales et aller vers l’inconnu.

Le premier de ces personnages est un narrateur sans nom. Employé d’une boutique de livres d’occasion peu fréquentée, c’est un solitaire. Noah est lui un homme des plaines. Ayant passé son enfance à voyager dans les prairies du Manitoba et de la Saskatchewan, il est attiré par l’élément liquide et son parcours va le mener d’île en île. Joyce vient de la Côte Nord du Québec. Bercée de récits de corsaires et flibustiers mais destinée à une vie terne, cette jeune fille fuit le giron familial pour devenir une pirate des temps modernes.

Nikolski est un roman d’une grande qualité. Nicolas Dickner offre un récit solide où tout se tient. Les digressions sur les immigrants dominicains, l’archéologie, les différentes sortes de poissons (à propos j’adore la couverture du livre), tout cela se fond admirablement dans le récit, formant un maelstrom original. Je retrouve la principale qualité du Nicolas Dickner qui chronique dans l’hebdomadaire culturel montréalais Voir : un choix des mots pesé avec soin. À la lecture de Nikolski, j’ai senti une minutie digne d’un orfèvre dans les mots et les phrases qu’il livre au lecteur. Voilà un roman auquel il est impossible de résister.
Je me suis tout de même créé des attentes au fur et à mesure de ma lecture. J’ai en effet attendu le moment où les trois personnages se rendraient compte de leur appartenance à la même famille. Ce moment n’aura jamais lieu mais finalement ce n’est pas une mauvaise chose, ça aurait pu être convenu. Encore un exemple de la finesse de Nicolas Dickner, le thème de l’insularité poussé jusqu’au bout.
Seul regret tout de même, l’ambiance géniale du roman ne perdure pas quelques jours après la lecture. Aussi agréable que soit la lecture de Nikolski, elle est demeurée pour moi fugace. Cela dit, j’ai hâte de me plonger prochainement dans Tarmac, le deuxième roman de cet auteur québécois à lire absolument.

7 réflexions au sujet de « Nikolski, Nicolas Dickner »

  1. Pour ma part et pour ce que ça vaut, j’ai mieux aimé Nikolski que Tarmac. Pas seulement pour l’effet de nouveauté, mais pour sa plus grande cohérence. Tarmac, avec sa longue partie japonaise en solo, m’a un peu ennuyé, je dois avouer. La guigne du deuxième roman, peut-être ?

    La voix de Dickner est fugace, tu as bien raison là-dessus. Sur ce point, l’auteur me rappelle van Cauwalaert. Léger, léger…

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  2. Il est vrai que, pour un premier roman, Nikolski se démarque du lot. Il y a quelque chose de frais et de vivant dans ce roman.

    Il reste que la comparaison que Richard Tremblay fait avec Van Cauwelaert m’a fait réaliser que les deux auteurs partagent une même faiblesse : plus la fin approche, plus leurs histoires s’étiolent.

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