Je suis un écrivain japonais, Dany Laferrière

Dany Laferrière l’admet volontiers, il est doué pour les titres de ses livres. Après Comment faire l’amour avec un nègre sans se fatiguer, voici donc je suis un écrivain japonais. Le titre a de quoi surprendre : Dany Laferrière,  un québécois d’origine haïtienne, est un écrivain japonais ? Vraiment ?

Le narrateur est un écrivain pressé par son éditeur de publier son prochain livre. Il lui répond que son titre est déjà trouvé : Je suis un écrivain japonais. Mais notre écrivain n’a encore aucune idée de ce que son roman va contenir. Il se lance alors sur quelques pistes et entame une recherche auprès d’un groupe de jeunes japonais branchés qui vivent à Montréal. Il alterne avec des lectures de voyage de Basho, le maître japonais du Haïku. Ce faisant il suscite un certain émoi auprès du consulat du Japon : qui est ce Montréalais, noir de surcroit, qui se prétend écrivain japonais ? Son projet de roman ira même faire des vagues jusqu’au Japon.

Avec ce récit nonchalant, Dany Laferrière joue avec les mots et avec le lecteur. Il mêle habilement le récit de la vie du narrateur et l’univers créé par l’écrivain. J’ai savouré ce roman en me laissant porter par le style fin et intelligent de Dany Laferrière. Je suis un écrivain japonais est un plaidoyer en faveur de la liberté de l’écrivain : ne pas se laisser apposer une étiquette et ne pas écrire un livre sur commande, que ce soit pour un éditeur ou un consulat. Le romancier va ainsi librement butiner d’un récit à un autre, d’un personnage à un autre et d’un lieu à un autre. C’est pourquoi il ne faut pas lire ce roman pour lire une histoire mais plutôt pour se plonger dans une ambiance.

Une fois n’est pas coutume, je vous laisse sur une citation qui illustre bien la finesse de Dany Laferrière :  » Je savais que la littérature comptait pour du beurre dans le nouvel ordre mondial. Il n’y a que les dictateurs du Tiers-Monde qui prennent les écrivains au sérieux en les faisant régulièrement emprisonner, ou fusiller même » (page 111).

14 réflexions au sujet de « Je suis un écrivain japonais, Dany Laferrière »

  1. Billet qui me met l’eau à la bouche, j’aime beaucoup la citation de Laferrière, d’un humour féroce , j’aime bien l’idée de liberté totale pour l’écrivain , ne pas s’enfermer et pour nous ne pas l’enfermer dans un genre, un style

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  2. J’avais hâte d’avoir ton opinion (j’avais lu ton titre mais avait pas le temps de lire ton commentaire). J’ai tellement hésité devant ce titre. Et finalement, je commencerai à lire cet écrivain par L’Énigme du retour. J’irai à rebours. J’étais dans une librairie hier, et j’ai vu qu’ils sont réédités Pays sans chapeau. Très joli livre et qui m’intrigue beaucoup. À suivre …

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  3. Moi, je n’ai pas lu « Je suis un ecrivan japonais » mais je peux largement vous recommander :
    Le gout des jeunes filles (il y a aussi un film, scenario par Laferriere)
    L’odeur du cafe.
    Le charme des après-midi sans fin.
    Bon, tous ses livres.
    Je suis au Mexique, j’ai hate d’aller au Quebec ou que qq’un vient pour acheter les livres que je n’ai pas encore lu. Specialmeet l’enigme du retour.
    Au plaisir de vous lire.
    Ricardo

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  4. Bravo à Dany Laferrière pour son implication au Salon du livre en cours actuellement au Québec. Je suis toujours fascinée de l’entendre s’exprimer sur pleins de sujets humains et sociaux, surtout à la TV.

    N’ayant pas l’occasion de me rendre au Salon du livre de Québec, je suis de tout cœur avec vous tous.

    Possiblement que très bientôt, je verrai se concrétiser la publication de mon premier roman témoignage. Auparavant, je dois trouver la perle rare qui agira en quelque sorte comme un (e) accompagnateur ou gérant. Lire les détails publiés en ce jour sur mon blog personnel de citoyenne: Les écritures de Patricia Turcotte: patricia-turcotte.blogspot.com

    Amitiés de,

    Patricia Turcotte
    Saint Georges ( Québec )
    Le 09 avril 2010

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