Les pieds sales, Edem Awumey

Les pieds sales figure sur la liste des premières sélection pour le prix Goncourt 2009. C’est ainsi que j’ai entendu parler du livre de ce Québécois d’adoption qu’est Edem Awumey. Comme quoi les prix littéraires peuvent encore nous faire découvrir d’excellents livres.

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Askia est chauffeur de taxi à Paris. Il parcourt les rues de la Ville Lumière à la recherche de son père nommé Sidi qui avait avant lui quitté l’Afrique. Il retrouve sa trace par l’intermédiaire d’Olia une photographe d’origine bulgare qui avait fait un portrait de lui plusieurs années auparavant. Mais le voyage n’est jamais terminé pour Askia : Sidi semble toujours lui échapper.

Le récit n’est pas linéaire : Askia se remémore son enfance, le chemin qu’il avait déjà parcouru avec ses parents pour fuir un Sahel devenu inhospitalier, le regard des autres sur sa famille de voyageurs. Le récit est également émaillé des rencontres d’Askia avec de grands voyageurs comme lui qui ont atterri sur les trottoirs de la capitale française. Les pieds sales, ce sont eux, tous ces individus qui migrent pour une vie meilleure. Ils usent leurs pieds sur les routes. Ils ne sont jamais les bienvenus. Le livre d’Edem Awumey est le portrait de l’un d’entre eux. Hanté par le passé et préoccupé par le futur, Askia ne profite jamais du présent. Les pieds sales est un livre sans fards : les squats d’immigrés, la menace des skin heads, la précarité de ceux qui vivent dans la rue, il n’y a aucun répit pour les migrants. Il n’y a pas non plus de temps morts dans le roman d’Edem Awumey. L’écriture simple est au service d’une histoire touchante qui n’est ni misérabiliste ni moralisatrice. Il y a quelque chose d’universel dans le parcours individuel décrit dans ce livre. Quelles que soient les raisons qui poussent les gens sur la route, peu nombreux sont ceux qui trouvent le repos au bout du chemin. Les pieds sales est un roman de toute beauté.

23 réflexions au sujet de « Les pieds sales, Edem Awumey »

  1. J’avais lu et chroniqué son premier roman, Port-Mélo, mais je m’étais perdu dans la profusion de son style. Ce que tu dis de ce second roman me donne envie de retenter l’expérience. 🙂

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  2. Bonjour,
    Je découvre votre blog et j’y reviendrai. Chaque année, la famille de mon copain offre à leur mère le prix Goncourt de l’année. Ce qui fait que toute la famille lit les Goncourt, moi incluse. Habituellement, je ne me souci pas tellement des autres auteurs en nomination pour ce prix mais dans le cas du livre que vous présenter, je trouve ça intéressant et ça me donne envie de le lire. En plus, si jamais cet auteur remporte le goncourt, je pourrai dire que j’ai déjà lu le livre!! 😉

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    1. C’est une super tradition familiale que voilà ! Je ne sais pas si Edem Awumey va remporter le Goncourt. Bien sûr je le lui souhaite ainsi qu’à son éditeur (ses éditeurs car il en a un au Québec et un en France). Mais je n’ai pas lu les autres livres en lice cette année. Goncourt ou non, reste que les pieds sales est un très bon roman.

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  3. Je n’apprécie pas beaucoup les sujets traités dans ce roman, et, après Trois jours chez ma mère de Weyergans qui a gagné le Goncourt il y a quelques années, je crains affreusement ce concours…
    Cela dit, ton article m’intrigue. Pourrais-je aimer ce livre, moi aussi?
    J’attends la version poche pour ne pas prendre de trop gros risques 😉

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    1. Oui tu pourrais aimer ce livre. Le roman n’est pas aussi noir qu’on pourrait le penser. Il promeut d’une certaine manière des valeurs positives. Je n’avais pas non plus aimé Trois jours chez ma mère (voir ici) mais ce n’est pas une raison à mon sens pour tourner le dos définitivement au jury du Goncourt.

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  4. Comme Reka, Weyergans m’avait carrément mis le Goncourt en horreur! Mais pour avoir lu Ovaldé et Fottorino dernièrement (Mauvignier, Foenkinos en liste aussi), je me dis qu’il y a de l’espoir cette année! J’ai entendu la critique au Livre-show dimanche et il est sur ma liste d’achats (avec un « s » bien sûr!) depuis…

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    1. Argh tant de livres à lire ! Je n’ai encore lu aucun des auteurs que tu cites (c’est ma faute aussi, j’aime bien les « vieux » auteurs). Pour te déculpabiliser en vue d’un achat éventuel des pieds sales, c’est un roman relativement court (150 pages) qui peut se lire rapidement. Non, ne me remercie pas 🙂

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  5. Je n’ai pas lu Mauvignier! Mais Microfictions avait fait des ravages il me semble… Tu sais que je n’ai pas encore lu Gens de Dublin que j’avais acheté « a long time ago » suite à ton billet!!! On fait ce qu’on peut hein!

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  6. Ah mais j’ignorais qu’Ovaldé était en liste pour le Goncourt. (Quelles sont les conditions pour l’être, en fait?)
    Pour moi, ça change la donne tant j’adore le style de cette auteure! 🙂
    C’est d’accord, je vais faire en sorte d’être plus clémente à l’égard de ce prix littéraire… Il est sûr qu’il est souvent malsain de condamner à la hâte et à partir de presque rien. Mea culpa ! 😉

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  7. Le Goncourt a sur moi l’effet inverse. Dès que je le vois en rouge, je regarde ailleurs. Je ne crois pas avoir aimé une fois un livre ayant gagné ce concours… Mais il y aune première fois à tout 😉

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  8. Bonjour tout le monde,
    Je voudrais savoir comment se termine l’histoire des Pieds Sales. Au lycée, nous avons du le lire mais avec tous les devoirs que nous avons je n’ai pas pu finir ce livre.
    Merci =)

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  9. Re-Bonjour, j’ai encore un petit problème, je me souviens qu’ Askia prend un homme, un ancien compagnon de cellule, il me semble.Auparavant, Askia et lui devait tuer des personnes pour gagner de l’argent. L’homme demande à Askia de s’arrêter et de sortir de la voiture. L’homme lui tire dessus mais ne le tue pas. Ensuite, il demande à Askia de ne pas le dénoncer. Les policiers arrivent et trouvent Askia. Ils l’emmènent au poste de police mais Askia ne dit rien. Que se passe t-il après ? Merci de me répondre =)

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