La mesure d’un continent, Raymonde Litalien, Jean-François Palomino, Denis Vaugeois

Je vous ai déjà entretenu ici et de mon intérêt pour l’histoire de l’Amérique du Nord. Il y a quelques mois, je suis allé à la Grande Bibliothèque de Montréal pour parcourir une exposition sur le thème de la cartographie à l’époque de l’exploration de l’Amérique du Nord. Il va sans dire que cette exposition avait comblé mes attentes. J’y ai appris énormément de choses sur un sujet qui me passionne et j’ai pu consulter des documents originaux d’une valeur inestimable. Cette exposition est née d’un livre que les éditions Septentrion ont eu la riche idée de publier. Le sous-titre de La mesure d’un continent est Atlas historique de l’Amérique du Nord de 1492 à 1814. Pourquoi ces dates ? La première correspond bien sûr à l’arrivée de Christophe Colomb sur ce continent alors inconnu des Européens. Et 1814 est la date de la publication du récit de l’expédition de Lewis et Clark, récit qui sera accompagné d’une carte levant les dernières zones d’ombres du territoire nord-américain.

La mesure d'un continent

Le livre suit une progression chronologique, avec d’abord des connaissances rudimentaires de ce continent inexploré pour aller vers des cartes de plus en plus précises. L’exploration se fera avant tout grâce aux nombreux cours d’eau que compte le territoire nord-américain. Petit à petit se dessinent littéralement sous les yeux du lecteur l’Acadie, le fleuve Saint-Laurent, la région des Grands Lacs, le Mississipi, la Louisiane, le Nord arctique et l’Ouest américain jusque vers le Pacifique.

Le livre est très beau et propose une richesse documentaire incroyable. J’imagine que les recherches pour mettre la main sur toutes ces cartes ont représenté un travail de longue haleine. Les trois auteurs se sont partagé la rédaction et ils ont su vulgariser un sujet qui pourrait facilement être assez aride. Raymonde Litalien, Jean-François Palomino, Denis Vaugeois savent se rendre intéressants et ne prennent pas le lecteur pour un spécialiste du sujet, ce qui rend la lecture très agréable.

Je ne soupçonnais pas que les cartes pouvaient jouer des rôles si différents. Bien sûr elles servent à se repérer sur la mer ou sur la terre ferme. Mais en fonction de qui les produit ou les commandite, elles ont des implications politiques et militaires. Elles soutiennent souvent les revendications territoriales des grandes puissances européennes et entretiennent les fantasmes de richesse des Européens de l’époque. Les cartes viennent aussi illustrer les traités entre les nations.

Les cartes présentées dans la mesure d’un continent permettent de comprendre les entreprises d’explorateurs comme Colomb, Verrazzano, Hudson, Cartier, Champlain, Cavelier de La Salle, les frères Le Moyne (de Bienville et d’Iberville), Cook, Vancouver, La Pérouse etc. Leurs voyages furent souvent épiques et ont permis de dresser le portrait de l’Amérique du Nord. Le livre souligne le soutien indispensable des populations autochtones alors qu’elles ont payé un prix très élevé pour avoir accueilli les Européens. La mesure d’un continent quitte parfois le récit chronologique pour présenter des points thématiques comme par exemple des portraits de cartographes majeurs comme Jean-Baptiste Franquelin et Nicolas Bellin, les outils des marins et des cartographes ou encore les villes et postes fortifiés en Nouvelle-France. Et le livre fait la lumière sur des aspects un peu passés aux oubliettes de l’histoire : on connaît la Nouvelle-France et la Nouvelle-Angleterre mais qui a déjà entendu parler de la Nouvelle-Belgique et de la Nouvelle-Suède ?

J’aurais aimé que certaines cartes soient offertes en plus grand format pour pouvoir aller dans le détail des tous petits caractères. Mais il y a des limites physiques incontournables, sauf à vouloir en faire une grosse encyclopédie.
Je me suis aussi demandé pourquoi les auteurs ont exclu le Mexique de leur propos alors qu’il fait bien partie de l’Amérique du Nord. Ce faisant, le livre ne traite pas de l’apport des Espagnols à l’exploration du continent. Le Mexique, la Californie et les zones contrôlées par les Espagnols sont exclus. Pourquoi ? Mais ce sont là les seules petites objections que je peux avoir à la lecture de ce livre de qualité qui m’a enthousiasmé.

5 étoiles

4 réflexions au sujet de « La mesure d’un continent, Raymonde Litalien, Jean-François Palomino, Denis Vaugeois »

  1. c est premier fois que je vous trouve…je suis tres heureux de vous connaitre….je m appelle sanaz et j ecriais depuis 2 un dans ma weblog en iran…j ai cherche les photos pour couverture de live (je voudrais que qulqun m attend quelque part ) et j ai vu ici…malheureuxment je ne pous pas parles boucoup:(je panse que vous etes culturel!…mais… je travale theatre a tehran …j ai 2 livre que malheurexmant vezarat ershad n l ai pas permise pour publish !…je suis ecrivan et il fout dir que je suis femme 🙂 et je ecriias a nom autre ….
    anchnte:D

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  2. Billet très complet, très apprécié, sur ce livre que l’on pourrait mettre dans la catégorie des « Beaux livres », n’était qu’il renseigne trop pour cela. Il n’est pas un « Sois beau et tais-toi » ! (c’est la faute du printemps).

    Ça m’impressionne cette femme de Téhéran si je comprends bien qui laisse un commentaire, sortant tout ce qu’elle a de Français pour se faire comprendre. Justement, je ne comprends pas tout mais j’ai la vague impression qu’elle croit que tu représente une maison d’édition ; aurait-elle un écrit à proposer ? J’y vais à peu près.

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  3. میس شانزه لیزه : merci de votre visite. J’espère que vous avez trouvé ce que vous recherchiez. Je suis allé voir votre blog mais je ne sais pas lire le farsi. Il me semble que vous y parlez de livres et de cinéma.
    J’espère que vous pourrez publier vos livres. Il est injuste d’avoir besoin d’un permis pour publier et de ne pas pouvoir publier si on est une femme… J’espère qu’il est plus facile de travailler dans le théâtre que publier.

    Venise : c’est vraiment un livre qui cache bien son jeu. Sous des couverts de beau livre, il est très riche en informations. Ce qui n’est pas toujours le cas dans la catégorie beaux livres.

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