Truismes, Marie Darrieussecq

Truismes, écrit par Marie Darrieussecq, est sorti en 1996 et j’en avais entendu parler à l’époque. Pas bien compliqué, il y a quand même peu de livres grand public où un des personnages se transforme en cochon. Je suis tombé dessus à la librairie il y a quelques semaines. Un exemplaire était soldé car un peu abîmé. Je me suis dit que pour 3 petits dollars, je ne prenais pas un bien grand risque.

Truismes

On est dans le vif du sujet dès le début du livre. La transformation de la narratrice en truie a lieu rapidement et on suit chaque étape précisément. C’est fait d’une manière un peu naïve au début, très factuelle. Mais au fur et à mesure du livre, elle arrive à mettre des mots sur sa transformation. Je devrais plutôt parler de transformations car elle connaît des pauses dans sa métamorphose. Parfois des rémissions pures et simples. Mais celles-ci ne durent jamais. Ses oreilles poussent, son ventre s’arrondit, ses mamelons se multiplient et elle a de plus en plus de mal à marcher sur ses deux jambes. La narratrice s’accommode très bien de ces changements dans son corps (curieusement). Mais c’est le regard des autres qui va la gêner : moquerie, peur, exploitation de son image etc.

Truismes est plus subtil que je ne le pensais au départ, c’est pas juste elle se transforme et puis voilà. Son état change dans des contextes bien particuliers : quand elle est un objet sexuel, quand elle est sans abri et qu’elle n’existe plus en tant que personne. Je ne sais pas où Marie Darrieussecq est allée chercher son idée pour son roman mais c’est original et bien mené. C’est sans doute ce qu’on appelle un ovni littéraire. Par contre je n’ai pas aimé la toile de fond du roman, le glissement de la vie politique, puis de la société, vers une sorte de meilleur des mondes à la Aldous Huxley. Je n’ai pas vraiment compris l’intérêt de cette partie du roman. Mais mon impression reste globalement positive à propos de Truismes. Voilà 3 dollars bien dépensés.

Ma note : 3/5.

7 réflexions au sujet de « Truismes, Marie Darrieussecq »

  1. j’ai lu ce livre il y a pas mal de temps et il m’avait bien plu. Je n’ai pas gardé de souvenirs de glissement vers un meilleur des mondes… Sans doute n’ai je pas compris non plus à l’époque. J’ai eu la même curiosité pour cette histoire de métamorphose peu commune , et j’ai été surprise par la manière dont elle est menée et bien menée. Pousser la métaphore de la truie, de la cochonne, dans ses derniers retranchements, évoquer le dégoût en même temps que la découverte d’un nouveau plaisir à être littéralement l’animal, c’était un pari courageux, que l’auteure a su porter jusqu’au bout, avec juste ce qu’il faut d’angoisse et de fascination mêlées pour en faire un bon roman.

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  2. @ Sylvie : la transformation est en effet très bien décrite, de même que la façon dont l’héroine vit cette métamorphose. Mais au bout d’un moment, j’ai senti que ça partait un peu en sucette. On passe d’une transformation individuelle à la transformation de la société en dictature consentie. Pour moi, les deux registres sont différents (ou peut être que je n’ai pas su faire le lien).

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  3. bonjour Phil,
    je l’ai lu il y a longtemps, à sa sortie, et j’ai le souvenir de l’avoir bcp aimé.
    Je trouvais qu’elle faisait très bien ressortir ce glissement de la femme vers la truie, en parlant d’elle (femme), normalement, tout en glissant dans une phrase « jarret » à la place de « cuisse ». Le contexte de la société ne m’a pas laissé de souvenir, sauf que le Loup Garou m’avait laissée un peu dubitative…
    En revanche son roman suivant ne m’avait pas trop plu (naissance d’un fantôme, je crois).
    bon je vais poursuivre ma découverte de ton blog…

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  4. J’en suis au 2/3 du livre avec fascination, mais à lire vos commentaires je crois que j’ai lu le meilleur … je furetais car je ne me rappelais pas l’accueil qu’avait reçu ce roman, à priori c’est positif. Je vais m’y replonger de suite …

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  5. Fersenette : l’idée de départ est très bonne et bien exploitée. Mais j’ai eu l’impression que c’était difficile de conclure. Qu’en as tu pensé finalement ?

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